La genèse.
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Parallèlement à la saga "Thorgal", dont ils signèrent 29 tomes, Rosinski et Van Hamme sont les auteurs de ce roman graphique (initialement paru en noir et blanc) qui frappa plus d'un lecteur et est devenu un classique de la BD belge des années 80. Le dessin de Rosinski est, une fois de plus, remarquable de finesse et d'expressivité; quant à Van Hamme, qui n'a jamais été avare de morts violentes et ne s'est pas signalé par un grand optimisme, il explose ici ses quotas !
Les auteurs nous projettent dans un univers d'heroic-fantasy: on a donc des guerriers, des guerrières, des nains, de la magie, des créatures étranges,... Il faut aussi un héros: ce sera J'on, inattendu dans ce rôle, lui qui appartient à la race des Chninkels, vouée à l'esclavage dans le monde violent et injuste qui est celui de cette oeuvre. Il faut enfin une quête: c'est rien de moins qu'U'n, le dieu suprême (figuré par un mégalithe emprunté à "2001" de Kubrick, créateur lui aussi sans illusions), qui la confie à J'on. Mais, dès le début, U'n, quoique dépourvu d'humour, semble bien se moquer de son"Choisi" en lui confiant une mission non seulement mal définie, mais qui en plus le dépasse largement ! Il va ainsi précipiter J'on dans une série de mésaventures plus périlleuses les unes que les autres, le laissant s'en débrouiller, n'intervenant que rarement et toujours à contretemps, lui donnant un soi-disant "grand pouvoir" qui ne lui sera d'aucune aide et dont le sens ne lui apparaîtra qu'in fine. J'on va donc aller de Charybde en Scylla, sans autre atout que son habitude à évoluer en zone dangereuse, croiser toutes sortes de créatures, parfois bienveillantes, le plus souvent viles et cruelles. Et, en plus, se coltiner G'wel, une jolie Chninkel, qui, dans la catégorie "charmante enquiquineuse", est d'un niveau olympique ! J'on sera tout de même héroïque par sa volonté à poursuivre sa mission malgré toutes les embûches sur son chemin.
Même si ce livre recèle son lot d'invention, de péripéties et de rebondissements, le propos est plus profond que celui d'un simple récit d'aventures: il est philosophique, religieux, comme l'indiquent les multiples références au christianisme: la marche sur les eaux, les figures de Moïse, de Judas ou du messie, les martyrs massacrés dans l'arène, etc. Comme Thorgal ou XIII, autres héros de Van Hamme, J'on est un personnage dont les qualités traditionnelles de héros (courage, générosité, loyauté,...) semblent lui attirer de gros ennuis plutôt que le succès et la reconnaissance. "Le Grand Pouvoir" se revèle ainsi une fable sombre et désabusée sur un monde dépourvu de sens (le nôtre ?...) qui semble bel et bien livré au mal.
Créée
le 22 juin 2024
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