Mon père, ce salaud
"La Corruption" est une satire cinglante et impitoyable de l'Italie de la prospérité retrouvée, où Bolognini fait voler en éclats la figure du “pater familias”, ici un despote sans scrupules...
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le 8 mai 2021
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"La Corruption" est une satire cinglante et impitoyable de l'Italie de la prospérité retrouvée, où Bolognini fait voler en éclats la figure du “pater familias”, ici un despote sans scrupules. Idéaliste élevé dans le milieu fermé du lycée, vêtu de blanc, arborant le visage angélique de Jacques Perrin, Stéfano va découvrir un “monde réel” qui n'a rien pour lui plaire, et qui, selon son père, ne peut être régi que par les rapports de force. Même l'intellectuel issu de la résistance n'est qu'une autorité morale factice, vendu lui aussi. La belle Adriana, qui reproche à Stéfano de trop réfléchir, a tellement intégré le système qu'elle ne réalise même pas qu'elle en est elle aussi une victime: elle en profite, mais qu'en sera-t-il quand les années auront passé et que sa beauté ne sera plus qu'un souvenir ? On repense à une des premières scènes, où la mère de Stéfano, manifestement brisée par son odieux mari, ne supporte pas de voir son visage dans un miroir.
Alain Cuny fait une composition assez terrifiante avec le personnage de Léo, bloc de certitudes sans aspérité, qui écrase sans état d'âme tout ce qui se trouve sur son passage, tout en sachant être charmeur et manipulateur quand cela sert ses intérêts. Un homme qui devait être tout à fait à son aise au temps du fascisme ! En poussant Stéfano dans les bras de sa maîtresse, il manœuvre pour le déstabiliser et rompre cette pureté si encombrante. Censé être une homme de culture, il affirme sans gêne que peu lui importe que les gens lisent les livres qu'il publie, pourvu qu'ils les achètent ! Les autres ne peuvent avoir pour lui qu'un côté utilitaire, et son fils ne fait pas exception: il poursuivra la voie qu'il a tracée, au diable son idéalisme juvénile, et même ses sentiments profonds ! Il y a ainsi cette scène atroce où il manque provoquer la noyade de son fils, afin de plier davantage celui-ci à sa volonté tyrannique.
Ici vous pouvez spoiler: Son cynisme culmine lors du suicide du magasinier qu'il a poussé au désespoir, où il couvre le cadavre avec une veste arrachée à l'un de ses employés, car il ne va quand même pas salir la sienne. Les choses sont claires: circulez, y a rien à voir, j'ai les moyens de faire étouffer l'affaire.
Que deviendra Stéfano après cette fin ouverte ? On doute quand même qu'il épaule désormais ce père sur lequel il a perdu toute illusion. Trop pur pour se révolter, désormais lucide, on peut penser qu'il choisira la fuite.
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le 8 mai 2021
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