Imagine un monde où ta survie dépend uniquement de ta notoriété. Un monde où, si personne ne pense à toi, tu disparais littéralement dans le Grand Vide™. Oui, c’est une dystopie, mais avoue que ça ressemble un peu à Instagram en 2024…
Léa Murawiec nous plonge dans une société où le plus grand cauchemar n’est pas de mourir, mais d’être oublié. Le pitch est brillant et ultra-moderne : un monde où les noms les plus cités deviennent des demi-dieux et où les anonymes doivent se battre pour exister (un peu comme si les influenceurs régnaient sur l’humanité). L’héroïne, Manel Naher, refuse ce jeu de la célébrité et décide de tracer sa route loin du diktat du buzz.
Graphiquement, c’est un régal. Le style est nerveux, le découpage dynamique et l’univers foisonnant rappelle un peu l’absurde bureaucratique d’un Moebius sous Red Bull. L’ambiance est étouffante, oppressante, et franchement bien rendue – on sent presque la pression de devoir sans cesse crier "Eh les gars, je suis là, pensez à moi !"
Mais voilà, si l’idée est géniale, l’histoire, elle, tourne parfois un peu en rond. Comme un post Facebook qu’on scrolle en boucle en attendant un twist… qui ne vient jamais vraiment. La métaphore sur l’ère numérique est évidente, peut-être un poil trop, et on en ressort avec l’impression d’avoir lu un excellent concept qui manque un chouïa de mordant pour être un chef-d’œuvre.
Bref, Le Grand Vide est un miroir de notre époque, avec un soupçon de Kafka et un zeste de Black Mirror. Et si personne ne parle de cette BD dans six mois, elle risque d’elle-même de disparaître dans l’oubli… mais toi, au moins, tu t’en souviendras !