Le Guide du mauvais père, tome 1 de Guy Delisle, c’est un peu comme un repas de famille où le paternel raconte ses bêtises en boucle : il y a des moments où tu rigoles franchement, et d’autres où tu regardes ta montre en attendant que ça passe. Avec un humour faussement décomplexé, l’auteur joue la carte de l’autodérision parentale, mais pas toujours avec le mordant qu’on espérait.


Le concept est simple : Delisle met en scène ses "pires" moments de père, des petites mesquineries du quotidien aux gaffes mémorables. L’objectif ? Montrer qu’on peut être imparfait et drôle à la fois. Si certaines situations prêtent à sourire (la vengeance mesquine, les réponses absurdes aux enfants), d’autres tombent à plat, faute de surprise ou de punch. On est plus souvent dans le registre du sourire poli que du fou rire incontrôlé.


Le dessin minimaliste de Delisle colle parfaitement à l’ambiance : des cases simples, des personnages aux traits épurés, et une narration visuelle fluide. Mais ce style dépouillé, qui fonctionne à merveille dans ses récits de voyage (Chroniques de Jérusalem, Pyongyang), paraît ici parfois un peu trop sage. L’humour aurait gagné à s’appuyer sur une mise en scène plus audacieuse pour compenser la légèreté du contenu.


Côté humour, on alterne entre l’absurde, le tendre, et le sarcastique. Mais le problème, c’est que l’ensemble reste trop timide. On sent que Delisle veut jouer sur le contraste entre l’image du père modèle et celle du papa gaffeur, mais il ne pousse jamais vraiment les situations dans leurs retranchements. Résultat : des gags qui s’arrêtent juste avant de devenir vraiment mémorables.


Le vrai point fort du livre, c’est son accessibilité. Si tu es parent, tu reconnaîtras forcément certaines situations et tu te sentiras peut-être un peu moins seul dans tes propres maladresses. Mais au-delà de cette identification, il manque ce petit grain de folie ou d’originalité qui aurait permis de transformer ces anecdotes en moments véritablement marquants.


En résumé : Le Guide du mauvais père, tome 1 est une lecture agréable et sans prétention, mais qui manque de mordant pour vraiment se démarquer. Si tu cherches une parenthèse légère sur les aléas de la parentalité, tu y trouveras de quoi sourire. Mais si tu attends des éclats de rire ou une vraie subversion de l’image paternelle, tu risques de rester un peu sur ta faim. Sympa, mais loin d’être inoubliable.

CinephageAiguise
6

Créée

le 25 nov. 2024

Critique lue 2 fois

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Le Guide du mauvais père, tome 1

Le Guide du mauvais père, tome 1
BenoitRichard
5

anecdotique

Petite parenthèse récréative pour Guy Delisle qui s’offre avec ce Guide du mauvais père une pause dans ses récits d’aventures mais bien réelles qu’il vit aux quatre coins du monde lorsqu’il...

le 24 janv. 2013

7 j'aime

Le Guide du mauvais père, tome 1
BenjaminBinocul
4

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par BenjaminBinocul

Arf, autant les Chroniques peuvent être toutes plus ou moins prenantes, autant ce Guide du mauvais père est une surprise un peu mitigée. Parce que la BD est souvent un investissement, dépenser quasi...

le 18 janv. 2013

7 j'aime

Le Guide du mauvais père, tome 1
belzaran
6

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par belzaran

Guy Delisle est un auteur canadien qui s’est fait connaître dans le petit monde de la bande-dessinée par ses récits de voyage dans des pays tous plus intéressants les uns que les autres. Il a atteint...

le 25 févr. 2014

6 j'aime

Du même critique

La Serpe d'or - Astérix, tome 2
CinephageAiguise
7

Quand Astérix et Obélix découvrent Lutèce

Avec La Serpe d’or (1962), René Goscinny et Albert Uderzo emmènent Astérix et Obélix dans leur première grande aventure hors du village, direction Lutèce. L’occasion de découvrir que les Gaulois ne...

le 20 déc. 2024

4 j'aime

My Liberation Notes
CinephageAiguise
8

Quand l’ennui devient une quête spirituelle

My Liberation Notes n’est pas une série qui te happe avec des explosions, des twists spectaculaires, ou des méchants machiavéliques. Non, c’est une invitation à t’asseoir avec une tasse de thé et à...

le 19 nov. 2024

3 j'aime

9