Au XVIème siècle, un vieux maître d’armes vient en aide à un protestant pourchassé. Il a traduit la Bible en français afin que tous puissent la lire et cela déplaît aux dirigeants catholiques. Mais, au-delà des guerres de religion, c’est deux mondes qui s’affrontent. L’un traditionnel et spirituel, l’autre bassement vénal.
Xavier Dorison est un scénariste qui affectionne l’histoire et la politique. Il a participé à Aristophania, Une Aventure des Brigades du Tigre ou encore l’adaptation du Château des Animaux. Il signe ici une fresque historiquement fidèle tout en réussissant à poser dessus un regard engagé, et c’est un succès. Il a déjà collaboré avec le talentueux Joël Parnotte sur Aristophania, et le trait réaliste de cet artiste se prête parfaitement à la dureté de cette histoire.
Le scénario conte la mort du Moyen-Âge, celui des chevaliers, de l’honneur et de la foi. La nouvelle société émergente paraît bien sale face à la grandeur de ces temps révolus. Si son avènement semble inexorable, le message du Maître d’armes est de se souvenir toujours d’un passé honorable.
Ce one shot se suffit à lui-même. Il est un cri de rappel sur notre histoire et sur ses changements. La fin interdit d’ailleurs tout risque de suite, ce qui est à la fois sage et symbolise la fin d’une époque. C’est du grand art.
Le Maître d’armes est une belle BD médiévale, une aventure épique dans la glace des montagnes où le froid de l’épée est encore pire, mais nécessaire. C’est un hymne à la fin d’une époque cruelle, mais belle. Le dépit du maître d’armes face à la nouvelle société résonne de manière particulièrement désolante actuellement. À savourer avec un mouchoir à portée de main, même pour les chevaliers.