Blueberry est mort, vive Blueberry ! Blood and Guts ! Car, sincèrement, impossible de ne pas être sidéré par le graphisme de Meyer, qui reprend à la lettre tous les codes de Giraud, en n'hésitant même pas à les "améliorer" grâce à une technique que l'on peut aller jusqu'à juger supérieure à celle du "maître" (en particulier au niveau de la lisibilité, notablement meilleure du fait de décors élégamment simplifiés...). Mais ce tour de force esthétique - une grande réussite - ne serait rien sans le scénario de Dorison, qui recycle systématiquement des personnalités et des situations qui faisaient le sel des meilleurs Blueberry : il est inévitable de comparer le mélange de cynisme et d'idéalisme de l'"Undertaker" à celui du lieutenant Myrtille, pour conclure qu'on dépasse même ici la simple référence, l'hommage bien senti, et que l'on s'aventure dans une sorte de tentative de résurrection du chef d'oeuvre de notre enfance. Et ça, au final, c'est quand même un peu gênant, non ? D'autant que malheureusement, l'histoire contée dans ce "Mangeur d'Or" n'est pas dénuée de faiblesses, principalement engendrées par le désir assez "post-moderniste" de Dorison d'accentuer l'ambiguïté des comportements de ses personnages, souvent au détriment de la crédibilité psychologique : le lecteur se trouve finalement un peu trop gratuitement malmené entre les sentiments contradictoires qu'il ressentira au gré de situations pas forcément cohérentes, et, du coup, "Undertaker" ne récolte pas tous les fruits de son impeccable réussite formelle. A suivre, bien sûr, pour pouvoir se former une opinion plus claire. [Critique écrite en 2016]