Joub et Nicoby ont été invités à passer par un prof de Guyane, Olivier, et son beau-frère Guillaume à passer quelques jours dans la jungle guyanaise. Les deux hommes ont beaucoup d'histoire de chasse à raconter. Ils ont été initiés à la forêt par Domino, un Indien désormais tué par des orpailleurs. Ils chassent ensemble, puis vont passer un peu de temps dans un lac immense avec une forêt ennoyée après la construction d'un barrage. Le site attire une biodiversité importante, mais aussi des orpailleurs.
Et progressivement la bande dessinée qui devait être une sorte de manuel de survie qui démythifierait la forêt amazonienne comme l'environnement le plus hostile qui soit se transforme en plaidoyer contre l'orpaillage clandestin, qui rejète du mercure et empoisonne la flore et les locaux : l'animal le plus dangereux, c'est donc l'Homme, sa violence et sa cupidité. Il y a aussi un constat amer d'inaction de la part des gendarmes. A la fin, les compères, rentrés chez eux, apprennent que l'endroit où ils sont passés a vu se dérouler un quintuple homicide. Pour avoir la paix, les orpailleurs ont livré le cadavre du coupable... une pioche dans la tête.
Le style graphique est simple, avec un découpage discret mais efficace ; les deux dessinateurs se représentent comme des gros lourdauds qui flippent à chaque pas. Il y a aussi de petites vannes en direction de l'éditeur, parisien qui n'aimerait pas cet environnement.
Au final, ce n'est pas désagréable, comme des copains qui vous racontent en détail une expérience un peu hors-norme. Sans aller jusqu'à l'essai ou au journalisme (on ne vous bombarde pas de chiffres), ça se lit sans déplaisir.