« Le reste du monde » de Jean-Christophe Chauzy m’avait laissé un goût amer. Présenté comme un one-shot, sa fin laissait présager une suite puisque rien n’était résolu. Mes craintes sont confirmées avec ce « Monde d’après ». Suite directe du « Reste du monde », il n’en porte aucune marque éditoriale… Que ce soit un choix de Chauzy ou de Casterman, ce genre de procédé est particulièrement gênant sur le principe…
« Le reste du monde » était un récit post-apocalyptique où l’on vivait des catastrophes (séismes, tempêtes) au sein d’une vallée française encaissée qui attendait en vain les secours. Devant la tournure violence des événements, une mère emmenait ses fils hors de la vallée pour y trouver… Quoi ? On ne le savait pas et c’est ce que « Le monde d’après » nous raconte.
L’ouvrage s’intéresse cette fois-ci à la survie itinérante. La catastrophe prend de l’ampleur : c’est toute l’Europe qui est touchée (comme on pouvait déjà s’en douter). Le groupe se cherche alors un objectif : rejoindre l’océan et, pourquoi pas, renouer avec le père qui était en vacances en Espagne. Est-il seulement vivant ?
Jean-Christophe continue son manuel de survie. On lit le tout avec plaisir, mais sans être vraiment bouleversé. L’ensemble est classique, on n’est jamais vraiment surpris. Et finalement, il manque d’émotion dans l’ouvrage. Au fur et à mesure que le groupe s’amenuise, on observe le tout sans pincement. Tout est trop convenu pour que l’on adhère.
On peut se poser la question du pourquoi de cette histoire. Il semblerait que Chauzy ait décidé de la réaliser pour dessiner des scènes apocalyptiques. Pour le coup, on sent un dessinateur qui se fait plaisir. Il n’hésite pas à prendre une pleine page (voire deux) pour exprimer toute la désolation de la catastrophe. « Le monde d’après » propose des visuels époustouflants par moments et c’est là qu’on cherchera l’intérêt de la série. La maîtrise des cadrages et de la couleur, le trait virtuose… On imagine très bien l’auteur choisir son sujet pour se faire plaisir. Mais quid du lecteur ?
« Le monde d’après » m’a laissé la même impression que « Le reste du monde ». Un sentiment d’inachevé, de survie trop classique… Avec une fin qui ouvre la possibilité à une suite, Jean-Christophe Chauzy persiste dans cette histoire où, finalement, on n’apprend pas grand-chose sur ce qu’il se passe.