Dans l’épisode précédent, une mère et ses enfants sortaient d’une vallée pyrénéenne sur le point de basculer définitivement dans la catégorie des coupe-gorge. Quant à moi, je tenais mon pari d’en écrire la critique sans citer une seule fois le Temps du loup de Michael Haneke ni la Route de Cormac McCarthy ! Dans le Monde d’après aussi, on suit toujours deux fils : celui des relations familiales – très ténu – et celui de la survie post-apocalyptique – au programme : violence croissante et paranoïa galopante.
Si tu cherches dans ce récit d’aventures quelque chose comme une fable écologique qui mette lourdement en garde contre le réchauffement climatique, passe ton chemin. Idem si tu cherches une leçon toute faite sur la violence par temps de catastrophe ou sur la survie malgré la déliquescence des liens sociaux : la leçon, ce sera à toi de la faire.
Par contre, si à treize ans tu fantasmais en imaginant ta prof de français se couvrir de sang en vidant au couteau une vache morte encore fumante, une scène de l’album est pour toi. Autrement, tant pis, mais tu ne perdras rien à lire ce deuxième volume finalement assez comparable au premier : des doubles pages aussi marquantes à regarder qu’elles ont dû être plaisantes à dessiner – avec notamment des couleurs presque parfaites –, des gosses censés rentrer en CE2 et CM2 mais dont on se dit qu’ils ont redoublé pas mal de classes, un scénario bien ficelé tout en relances et ralentissements… Pour l’intrigue elle-même, sans en dévoiler trop, disons que la troupe s’amenuise.
C’est l’occasion de mettre en lumière une des caractéristiques du récit post-apocalyptique : on n’attend rien de précis, mais tout peut se produire. En d’autres termes, comme les personnages n’ont pas de but défini, la notion de surprise n’a plus cours, ni pour eux, ni pour le lecteur. C’est-à-dire qu’on peut en arriver au point, que j’évoquais en parlant de la fausse chute du premier volume, où la surprise serait qu’il n’y ait rien de surprenant. Si on préfère, l’absence de surprise deviendrait surprenante. Et dans ce deuxième volume encore, si le récit s’arrêtait là, ce serait vraiment marquant !

Alcofribas
7
Écrit par

Créée

le 16 nov. 2019

Critique lue 91 fois

Alcofribas

Écrit par

Critique lue 91 fois

D'autres avis sur Le Monde d'après - Le Reste du monde, tome 2

Le Monde d'après - Le Reste du monde, tome 2
Biznut
8

Critique de Le Monde d'après - Le Reste du monde, tome 2 par Biznut

Malgré un thème vu et revu, cette BD offre un traitement très intéressant, effleurant avec justesse des thèmes sociologiques et philosophiques de l'apocalypse. Le dessin est impeccable. Efficace !

le 28 janv. 2018

1 j'aime

Le Monde d'après - Le Reste du monde, tome 2
jerome60
7

Critique de Le Monde d'après - Le Reste du monde, tome 2 par jerome60

Des tremblements de terre partout en Europe ont provoqué des dégâts irréversibles et la civilisation vacille. Marie, prof de français en vacances avec ses deux enfants, se retrouve coincée dans les...

le 19 févr. 2017

Du même critique

Propaganda
Alcofribas
7

Dans tous les sens

Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...

le 1 oct. 2017

30 j'aime

8

Le Jeune Acteur, tome 1
Alcofribas
7

« Ce Vincent Lacoste »

Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...

le 12 nov. 2021

21 j'aime

Un roi sans divertissement
Alcofribas
9

Façon de parler

Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...

le 4 avr. 2018

20 j'aime