Des tremblements de terre partout en Europe ont provoqué des dégâts irréversibles et la civilisation vacille. Marie, prof de français en vacances avec ses deux enfants, se retrouve coincée dans les Pyrénées, dans une vallée isolée entre Bagnères-de-Luchon et le col de Peyresourde. Décidée à rejoindre son ex-mari en Espagne, elle s’équipe et entraîne sa progéniture dans une fuite éperdue pleine de dangers.
Le premier tome de ce diptyque posait le cadre du récit (la catastrophe, la prise de conscience de son ampleur, la sidération, la remobilisation, l’organisation concrète d’une vie loin des balises habituelles, les premiers réflexes de survie). Avec ce second volume, on suit Marie et ses enfants dans leur voyage vers la mer, là où ils pensent trouver un environnement plus calme et plus accueillant. Le cheminement est périlleux, loin des rôdeurs et des pilleurs, dans des maisons abandonnées, avec pour seule nourriture quelques boîtes de conserves trouvées dans des supermarchés en ruines. La faim, le froid, la peur, la fatigue, le moral en berne… la situation se détériore au fil des pages pour devenir franchement dramatique. Chauzy n’épargne pas ses personnages, il livre une vision sans concession du chaos, d’un retour à la sauvagerie qui éloigne toute forme d’humanité. Ne plus faire confiance à personne, tuer ou être tuer, avancer coûte que coûte, ne plus penser au passé et à ce qu’il avait de rassurant, garder espoir malgré tout… la tâche est difficile, voire insurmontable.
Le propos est d’une noirceur totale, même si la fin laisse une porte entrouverte vers un avenir possible. C’est donc une lecture plutôt plombante, sublimée par un dessin au cordeau, des cadrages vertigineux et des paysages de désolation d’une surprenante beauté.
Aucun doute, les amateurs du genre seront conquis. Et pour moi qui suis loin d’en être un (d’amateur du genre), la plongée au cœur du désastre se sera révélée aussi intense que dérangeante.