Le Monde sans fin de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, c’est un peu comme assister à une conférence TED en bande dessinée, mais avec le conférencier qui, par moments, te regarde droit dans les yeux pour te dire : « Spoiler alert : on est tous dans la panade. »
Le duo improbable entre Jancovici, le gourou des énergies, et Blain, le virtuose du trait vivant, donne naissance à une œuvre hybride, mi-BD pédagogique, mi-remise en question existentielle. Si tu t’attendais à un récit d’aventure ou une quête héroïque, sache que l’unique bataille ici est contre notre addiction aux hydrocarbures et notre tendance à procrastiner sur le changement climatique. Glamour, non ?
Blain, dans son style caricatural et nerveux, donne vie aux explications techniques parfois denses de Jancovici. Le résultat est un ballet graphique où des centrales nucléaires dansent avec des panneaux solaires pendant que des courbes énergétiques te susurrent à l’oreille : « Tu comprends ? Non ? Reprends un café. » On ne va pas se mentir, la digestion de certains concepts nécessite une petite pause, voire un tableau blanc à portée de main.
Le ton oscille entre humour et gravité, comme si un clown triste s’invitait à ton pot de départ en t’expliquant pourquoi tout va mal, mais avec des blagues sur le pétrole en prime. On rit, on grimace, on réfléchit, parfois tout ça en même temps. Jancovici, dans son rôle de narrateur omniscient, brille autant par ses explications claires que par sa capacité à te faire sentir coupable de tes choix énergétiques (spoiler : tu ne regarderas plus ta bouilloire électrique de la même manière).
Certes, la BD peut donner l’impression de se noyer parfois dans ses propres chiffres, et le format didactique risque de rebuter ceux qui viennent chercher du pur divertissement. Mais on ressort de cette lecture avec l’envie d’éteindre les lumières en sortant d’une pièce et de regarder les éoliennes avec un petit sourire coupable.
En résumé, Le Monde sans fin est une BD aussi fascinante qu’inquiétante, qui transforme les graphiques de CO2 en un véritable thriller écologique. Une œuvre utile, pertinente, mais qui te rappelle qu’à la fin, c’est toi qui dois pédaler pour changer les choses. Alors, prêt à enfiler ton short de cycliste ?