Si je commence par expliquer que ce manga joue avec le 4ème mur, vous allez probablement penser à Deadpool et que ça ne se prend pas au sérieux...Et pourtant ici le traitement est tout autre. On est en plein drame.
Que se passerait-il si des personnages se rendaient compte qu'ils étaient dans un manga ? Vous pensez vraiment qu'ils en profiteraient pour faire des remarques au public et poursuivre joyeusement leur vie ? Pour Ayako Noda, c'est clair que non. Les personnages qui s'en rendent compte sont ici totalement flippés et on a presque une tragédie, c'est poignant.
Les personnages ont peur de la fin de la série, d'être observés en permanence, d'être contraint par l'histoire à des vies qui ne les intéressent pas, d'être creux ou entouré de personnages creux et de facilité scénaristiques, d'exposer ses proches par sa seule présence en tant que personnage récurrent, tout ça et bien plus encore.
En plus de cette réflexion, l'auteur en profite pour jouer avec les codes du manga. On a un découpage hyper classique où les personnages semblent presque être prisonniers des cases rectangulaires sauf sur quelques cases et planches où la rupture se remarque d'autant plus.
On a aussi un jeu avec les poncifs graphiques et scénaristiques du manga comme l'intérêt amoureux sorti de nulle part et ses petites fleurs sur les planches qui ici sont tournées en ridicule avec l'un des personnages les plus creux de tous les temps (qui aime machin parce qu'elle l'a trouvé beau un jour) mais qui ne ressemble que par trop d'aspects à certaines héroïnes fades.
Il y a aussi un jeu avec les bulles, les onomatopées et les fonds qui est plutôt pas mal vu. On se demandera très vite jusqu'où l'auteur va aller, le degré d'indépendance des personnages dans l'histoire par rapport à ses intentions initiales montrées. Par exemple une personne raconte son secret alors que de base elle n'en avait pas envie. La question se pose alors : est ce parce qu'elle a voulu dans l'histoire se dévoiler ou bien par la volonté de son créateur (dans le contexte de l'histoire brisant le 4ème mur donc donnant une certaine "autonomie" aux personnages) ?
Après, l'histoire prend son temps et on pourra lui reprocher ça si on préfère les drames plus violents psychologiquement. Tout dépend de vos goûts. Personnellement, je recommande chaudement la lecture du monde selon Uchu qui se lit tout seul et propose une histoire captivante.