Le Pays des démons bleus - Ralph Azham, tome 5 par Eric17
« Ralph Azham » est la dernière série au long cours née de l’imagination de Lewis Trondheim. Edité chez Dupuis, son cinquième épisode est apparu dans les rayons de librairie le vingt-cinq mai dernier. Il s’intitule « Le pays des démons bleus » et se compose d’une grosse quarantaine de pages. La couverture nous présente le héros sur le dos d’une bestiole qu’on peut apparenter de manière vague à un cheval. Il semble fuir une demeure protégée par un immense monstre en colère. Comme toujours, l’illustration est la seule marque de couleur sur la couverture, le fond étant entièrement blanc. Cela donne une identité propre à la saga quand on tombe sur l’album dont le prix avoisine douze euros.
L’histoire est construite autour du personnage éponyme. Ralph est dans une grande quête qui a régulièrement évolué dans ses objectifs. Le tome précédent l’avait amené à avoir des révélations sur le roi. Pour le vaincre, il ne voit qu’une solution : partir à la rencontre du terrible VomSyrius. Il souhaite lui proposer une alliance pour vaincre le terrible monarque. C’est donc accompagné d’oracles, d’un ami et de sa fiancée qu’il entame une longue traversée maritime qui amènera son lot de révélations…
« Ralph Azham » est une saga de fantasy. Certains la présentent comme un « Donjon » du pauvre du fait de l’auteur commun et de la proximité de l’univers. D’autres affirment qu’il s’agit d’une série qui se distingue de son illustre prédécesseur par son atmosphère et son esprit différents. Je vous avoue que je fais plutôt partie de la première mouvance. Cela ne m’empêche pas de découvrir avec plaisir chaque nouveau tome des aventures du héros aux cheveux sans pour autant y trouver l’originalité et le plaisir que génèrent les aventures de Herbert et ses acolytes.
Le fil conducteur de la trame est assez difficile à suivre. En effet, j’ai parfois le sentiment que l’intrigue se développe dans le but de rajouter des chapitres. Ce n’est pas bien grave car les chapitres sont agréables à découvrir. Néanmoins, l’ensemble narratif manque à mes yeux d’ampleur. D’ailleurs une des conséquences est que ce nouvel opus utilise les mêmes ficelles de construction que le précédent. Ralph arrive dans une nouvelle cité dont il doit appréhender les codes et les coutumes afin de pouvoir rencontrer le grand chef. Etait-il nécessaire de doublonner ce concept ? La question peut se poser.
Le voyage de nos héros se décompose en deux parties. La première est maritime. La traversée en bateau est longue et semée d’embuches. La seconde est terrestre et urbaine. C’est celle-ci qui rappelle le quatrième tome. J’ai préféré le début que je trouve plus original et léger. La seconde est plus laborieuse à mes yeux. Malgré tout, cela n’empêche pas Lewis Trondheim de nous gratifier de dialogues savoureux et habilement écrits. Les sourires sont fréquents et font alors oublier les faiblesses scénaristiques. Même si le nombre de personnages secondaires est finalement faible, cela lui permet de les faire tous exister. On s’y attache sans mal et le héros, bien que peu sympathique au début, attire notre attention au gré de ses pérégrinations.
Côté illustrations, les adeptes du style de Trondheim seront ravis. Son trait simple et animalier colle parfaitement à son univers et au ton de ses histoires. Les planches ne sont pas surchargées mais fourmillent néanmoins de moult détails qui permettent d’habiller le monde dans lequel gravitent les personnages. Le travail sur les couleurs de Brigitte Findakly complète aisément l’ensemble. Elles sont vives et plus classiques en comparaison des premiers épisodes qui possédaient une identité chromatique plus originale. Mais peut-être est-ce juste moi qui me suis habitué à l’atmosphère de la série ?
En conclusion, « Le pays des démons bleus » est dans la lignée des précédents épisodes. J’y ai retrouvé les qualités et les défauts que j’avais rencontrés dans les quatre précédents actes. Je me suis donc fait une raison sur le fait que « Ralph Azham » ne prendra jamais d’envol digne de « Donjon ». Par contre, j’apprécie qu’une histoire aussi longue ne diminue pas en qualité. On ne peut pas en dire autant des longues sagas. Et ce n’est déjà pas si mal…