Miroir, miroir, violone-moi une belle autruche.
Le petit cirque, c'est une route sans fin, une esquisse, un trait simple, presque grossier pour le mouvement perpétuel et pour la monotonie, on a enlevé les couleurs. Léopold dort dans la caravane que Carmen, sa femme, tire ou alors, il marche à côté avec son fils. On nous montre les premiers voyages du trio : chacun est un sketch plus ou moins absurde. "Problème" : ça donne un album fragmentaire et décousu puisqu'y'a pas vraiment de fil conducteur. C'est dommage parce qu'on a toujours l'impression de recommencer. Le formule du sketch est pas mauvaise, mais là, l'errance infinie, l'absence de réel but des protagonistes, qui sont plutôt passifs, tout ça est "décevant" (même si la route, toujours la route, le cirque ambulant, l'errance, m'évoquent peu ou prou La Strada, mais une strada dépouillée). Les personnages sont des jouets avec lesquels Fred s'amuse. Il semble s'être fort peu soucié de les doter d'une personnalité propre (ou alors elles m'ont pas sauté au visage). Les gens qu'ils croisent disent d'eux qu'ils sont des bohémiens et eux cherche à agrandir leur troupe sans insister. On apprend pas grand-chose de plus à leur sujet. J'imagine aussi que l'intention de l'album est de faire rire (jaune ou noir ?). Malheureusement, bien que les trouvailles absurdes puissent porter à sourire, l'ensemble s'envole, à mon sens, jamais vraiment : ça reste assez confortable, trop, peut-être ; on attend d'être surpris. L'auteur se décide à changer un peu les dessins (le trait, plus que le dessin en tant que tel) et à jouer avec la forme vers la fin, mais ça arrive trop tard. Sans être déplaisant, l'album souffre donc de plusieurs handicaps. Je me dis que ça plaira sûrement à certains malgré tout et puis c'est pas comme si je m'étais franchement ennuyé non plus. Sympathique tour d'horizon, mais le concept aurait mérité qu'on le pousse plus loin et au fond, j'y repense : l'album est presque triste et assurément un tantinet sombre.