La petite réussite du Golem
J'ai un profond respect pour Joann Sfar, un artiste aux multiples facettes, qui saute de projets en projets avec une certaine désinvolture. Je l'ai découvert avec la série Professeur Bell, et je l'apprécie tout particulièrement quand il se frotte au fantastique.
C'est un peu de ça dont il s'agit dans ce court ouvrage, qui présente différents personnages, dont le Golem n'en est qu'un parmi d'autres, chacun plus ou moins à son honneur, chacun plus ou moins récurrents selon les différentes parties, au service d'une trame globale qui n'est pas si importante.
De ce travail de jeunesse, je me suis plu à retrouver cette narration étrange, qui avance à son rythme au cours de l'histoire. On ne présente pas ou peu les personnages, et le livre s'ouvre sur une scène saugrenue, qui ne présente ou n'explicite pas le cadre de cet univers fantastique. On saute directement dans le bain, et le lecteur doit se laisser porter.
De cet univers étrange, qu'on côtoie sans jamais en être familier, le trait désinvolte de Sfar nous emporte. Assez soigné, avec beaucoup de détails et une précision rare dans les jeux d'ombres, Joann Sfar s'applique. Et j'avoue ne pas me lasser de ces décors biscornus mais fouillés, ou de l'expressivité de certains personnages.
C'est donc un Sfar un peu jeunot que l'on retrouve ici, mais pas non plus un étranger. On y retrouve quelques unes de ces thématiques habituelles, parmi lesquelles le fantastique, mais aussi, à fleur de page, un peu de philosophie et de religion, qu'il embellit de sa plume. Une BD un peu étrange, qui n'attend pas le lecteur, mais très réussie.