Tout d'abord son dessin n'a jamais été aussi moche (ou alors si, peut-être dans Chagall en Russie et dans celle à la couverture jaune que je n'ai pas lue), c'est tout de même un sommet de laideur. Que la tête du petit prince change de forme à chaque fois ce n'est pas très grave, mais il fait toujours hyper peur, ses yeux sont horribles, les expressions de son visage sont des grimaces affreuses, parfois un peu manga, toujours trop diformes. On pourrait parler d'expressionnisme, pourquoi pas, mais là son trait libre sonne toujours faux, à côté ou alors dans l'excès. Et si c'est certainement la plus laide de ses bandes-dessinées, c'est aussi à cause des couleurs, trop mates, qui ne conviennent pas vraiment au dessin de Sfar (je trouve que les couleurs plus douces de Chagall en Russie passent beaucoup mieux). Je crois d'ailleurs avoir pensé la même chose des couleurs d'Une fantasie du docteur Ox, de Mathieu Sapin, dans la même collection. Ce doit être que je n'aime pas la coloriste de la maison.
De plus, son style, qu'il n'a pas du tout bridé, se marie vraiment mal avec le texte du Petit prince, qui est respecté à la lettre. Il s'appuie un peu sur les illustrations de Saint-Exupéry, mais pour le reste c'est souvent très mauvais. Les grandes personnes sur les petites planêtes sont assez laides, la fleur est humanoïde (pourquoi pas) et pourtant elle ne dégage même pas la poésie de la femme-arbre de Grand vampire.
C'est donc un mariage pas très heureux, en plus du dessin de Joann Sfar devenant de plus en plus n'importe quoi. Mais ça m'aura permis de me rappeler que Le Petit prince est un très joli texte.