À trop vouloir parodier et arroser tout le monde, on finit par manquer son but initial. Pris dans le piège de la démythification facile, les auteurs ratent cette fois leur cible (Blake et Mortimer) pour en tartiner une autre, à savoir l'Angleterre tirée à quatre épingles d'Edgar P. Jacobs. Ici, on ne parodie pas les personnages mais l'univers dans lequel ils sont. Nos deux comparses qui se posaient brillamment en Laurel et Hardy puceaux dans le premier album parodique sont ici insignifiants, et le grotesque des situations dans lesquelles ils se retrouvent ici achève de les rendre transparents.
C'est donc l'Angleterre qui est maltraitée ici, par le biais d'un monde parallèle prétendument étrange où les bus à deux étages en ont trois et où les chauffeurs de taxis sont aveugles (by Jove, que c'est déroutant...). Là où "Le Piège Diabolique" nous dépaysait en nous propulsant dans une aventure épique à travers les âges, "Le Piège Machiavélique" se contente de nous offrir une vision fainéante d'un Londres alternatif coincé entre la Rome antique et... Londres, autrement dit pas très loin.
Alors d'accord, ce monde "à moitié parallèle" est justement au cœur de la parodie du piège original de Septimus, qui se voit ici relégué plus à l'état de farce bidon entre collègues scientifiques qu'à celui de véritable piège, mais on aurait bien aimé voir nos deux héros confrontés à des situations un peu plus cocasses. D'autant plus que certaines idées sont réellement drôles et délicieusement débiles (le piège camouflé dans la queue du Mickey d'un carousel, Olrik bottant les fesses de la Reine...) mais elles sont malheureusement trop rares et occultées par des gags un peu lourdingues.
J'espère que d'autres ouvrages suivront, mais qu'ils se concentreront sur le couple Blake/Mortimer comme c'était le cas dans le premier tome.