C’est la deuxième fois qu’Olivier Bouquet et Léonie Bischoff proposent une adaptation en bande dessinée d’un des best-sellers de Camilla Läckberg. Il faut dire que leur Princesse des Glaces fut plutôt réussie, et que le duo a sans doute trouvé là un filon qui n’est pas près d’être épuisé, tant la spécialiste du polar suédois est prolifique ! Ce filon pourrait d’ailleurs englober le polar suédois de manière plus large, car il n’y a pas si longtemps paraissait chez Dupuis une adaptation de la trilogie Millenium de Stieg Larson, l’autre ténor du polar scandinave. Affaire à suivre...
Je ne gâcherai sans doute rien du suspens en annonçant que le Prédicateur raconte l’histoire d’un crime, ou plutôt de plusieurs crimes. Un beau jour, dans la petite ville d’apparence tranquille de Fjälbacka, une touriste allemande disparaît. Quelques jours plus tard, la police retrouve son corps sans vie, portant des traces de torture et d’abus sexuel. Non loin de son cadavre gisent également deux squelettes. Les esprits sont ébranlés. Quelques jours plus tard, on déplore une nouvelle disparition, les esprits s’affolent, il est grand temps de mettre un terme à cette épidémie.
Celui qui s’y colle, c’est le flic Patrick. Se retrouver avec une enquête pareille sur les bras est un coup dur pour lui, qui comptait justement prendre quelques jours de repos pour tenir compagnie à son épouse dans ses derniers jours de grossesse. Il mettra pourtant dans cette sombre affaire toute son énergie, afin d’empêcher de nouveaux drames. Ses investigations le mèneront à remuer le passé, à dépoussiérer les plus sordides épisodes de la famille Hult, descendants du Prédicateur.
Patrick est un bon gars, avec un sens développé de la justice et de l’honneur. Mais il n’a pas l’étoffe d’un grand détective. Il endosse le rôle du héros, faute de mieux dirons-nous. Car que ferait-il sans l’aide de son épouse et surtout, sans l’aide du type qui bosse au labo ? Les analyses ADN du scientifique de service seront plus précieuses à Patrick que mille interrogatoires et mille indices éparses. Si on a le temps de s’attacher au héros, les autres personnages, quant à eux, vont et viennent dans le récit, majoritairement croqués plutôt que détaillés. C’est là que réside la difficulté de passer d’un roman de 375 pages à une bande dessinée de 128 pages, tout en veillant à sacrifier le moins possible de la complexité et de la richesse l’intrigue initiale.
Néanmoins, la narration ne manque pas de clarté, ce qui permet au lecteur de s’imprégner de l’ambiance du cadre tout en suivant avidement les différentes étapes de l’enquête, ses retournements de situation et ses retours dans le passé. Les dessins de Léonie Bischoff, méthodiques et colorés, sont indéniablement à la hauteur de ses ambitions, ce qui contribue bien évidemment au plaisir que chacun pourra éprouver à la lecture de cette oeuvre.