Le quartier évanoui est un ouvrage que j’ai découvert lorsqu’on me l’a offert pour mon anniversaire. J’ai beaucoup aimé la couverture. J’ai immédiatement reconnu le trait de Didier Tronchet, auteur que j’apprécie énormément. Le premier contact avec l’histoire se faisait donc par la découverte d’un groupe hétéroclite de personnes regardant toutes dans la même direction. Il semblait craindre un arbre géant dont on ne découvrait qu’une partie de l’ombre au bas de la page. Tout cela était intrigant…
L’histoire nous immerge dans une vie de quartier comme nous en connaissons tous. Néanmoins au bout de quelques pages, des enfants découvrent une curieuse plante qui pousse dans le jardin public. Au-delà de sa croissance exponentielle, le végétal a la particularité d’être invisible pour une grande partie des habitants. Quel est donc ce mystère ? Voilà l’enjeu de l’album. Comment cette touche de fantastique va impacter un quotidien jusqu’alors bien rangé ?
Le fait que le quartier soit au centre des enjeux de l’histoire, il était indispensable que les auteurs nous proposent une galerie de personnages hauts en couleurs et au profil différent. Nous ne sommes pas déçu sur ce plan-là. Je me garderai bien de vous faire un listing des différents protagonistes. Je ne veux pas vous gâcher leurs rencontres. Le scénario prend son temps pour les introduire dans l’intrigue. Le caractère de chacun s’affine au fur et à mesure que les pages défilent. Cette communauté est une preuve que la différence est une richesse même si parfois quelques frictions sont nécessaires pour que chacun en prenne conscience…
L’époque n’est pas clairement définie. La localisation de ce quartier ne l’est pas non plus. Cela ne gêne en rien la lecture. Personnellement j’ai eu le sentiment d’être immergé dans un village de la France de la première moitié du siècle dernier. On découvre une jolie vie de quartier dans cette communauté dans laquelle tout le monde semble se connaître. Les illustrations de Tronchet font naître une jolie atmosphère à travers les personnages et les décors. De plus, l’écriture des dialogues est pleine de charmes. Ils participent activement au plaisir de la lecture et à l’intensité du voyage vécu par le lecteur.
L’histoire se construit de manière originale. En effet, alors qu’elle semble débuter par une situation initiale classique – l’arrivée dans un quartier d’une famille d’immigrés – elle insère une dimension fantastique assez improbable dont le lecteur ne sait que faire dans un premier temps. Cet aspect ne cessant de croître, l’équilibre narratif évolue et modifie l’atmosphère de l’ouvrage et propose ainsi une aventure dont l’issue semble imprévisible. Les dessins accompagnent merveilleusement ce périple qui s’avère très agréable et dépaysant !
Pour conclure, Le quartier évanoui est une œuvre assez unique. Je n’aurai imaginé le parcours suivi par l’histoire et sa destination finale en découvrant les premières pages. Cette sensation de surprise, d’imprévu est un petit bonheur. Le fait que le périple soit accompagné de bons sentiments et de moments touchants n’est pas pour me déplaire non plus. J’en conseille donc la lecture car vous ne regretterez pas cette jolie rencontre…