Le Rayon noi... enfin black... enfin euh... Le Rayon. Voilà! C'est bien, ça fâche personne.

Dans leur contrat lié à la création des albums de Spirou, il y a quelques sujets que les auteurs doivent éviter d'aborder: le sexe, la politique, et le racisme en tête de liste. Tome et Janry dés qu'ils ont signé le contrat n'ont bien entendu plus eu qu'une seule envie: aborder précisément tous ces sujets!

Conscients qu'ils vivent dans un monde très différent de celui qui a vu l'âge d'or du groom, Tome et Janry, à mesure des tomes et des années, ont essayés de faire rentrer le héros de plein pied dans la modernité. Les deux compères ont une idée pour essayer de faire accepter au rédacteur en chef leur nouvelle idée d'album: ils se griment en africain et débarquent dans la rédaction du beau journal de Spirou.

Lorsque le rédac chef se rend compte que les énergumènes qu'il a devant lui sont ses deux auteurs phares, il se marre un bon coup, et Tome et Janry en profitent pour introduire leur idée d'album tout en montrant que ça pourait être rigolo de voir comment les gens réagiraient à un changement de couleur de peau de nos deux héros.

Le rédac chef dit banco, et nos deux lascars s'attèlent à la tâche.

L'idée de base, c'était d'emmener Spirou et Fantasio dans un pays réputé pour son racisme, genre l'Afrique du sud, mais après réflexion, ils se disent que l'album serait bien plus intéressant s'il abordait le genre de racisme qui existe dans nos contrées. Et quel endroit est plus approprié pour parler du choc des cultures, de la confrontation entre modernité et une certaine idée de la Belgique (ou de la france hein, ne vous sentez pas exclus les amis) de grand-papa que Champignac?

Le coté rural du célèbre village renvoie bien entendu à toute une série de clichés qui lui sont associés et s'avère être l'endroit idéal pour la petite expérience de nos deux amis.

Le Rayon noir est donc une histoire simple qui voit les réactions des braves habitants de Champignac à l'arrivée de deux étrangers (puisqu'ils ne reconnaissent pas nos deux héros) à la couleur de peau plus foncée que la moyenne dans leur belle commune.

Alors, évidemment, tout ça reste gentil et dans l'esprit Spirou et Fantasio. Le but n'est pas de bousculer le lecteur ou de le choquer, mais de l'amener à rigoler sur le sujet; à le dédramatiser.

Les deux auteurs profiterons du maire de Champignac en pleine réelection pour brocarder la démagogie des politiques sur le sujet ainsi que la mentalité peu ouverte à la nouveauté des populations autochtones en général, mais toujours gentiment et avec humour.

C'était une autre époque que voulez-vous; une époque durant laquelle tout ne devait pas être absolument pris au sérieux.

Aujourd'hui évidemment, deux joyeuses bandes d'ahuris qui n'ont rien à envier aux pires supporters de foot ou militants de partis politiques (ce qui revient un peu à la même chose d'ailleurs) s'étriperaient à la manière des habitants de champignac, les uns hurlants au vilain "woooookiiiiiisme" ou au vilain "raaaaciiiiisme" selon leur idéologie favorite concernant l'album.

Non, le seul vrai sujet qui fâche dans le Rayon noir, c'est l'intervention de Vito Cortizone en plein Champignac. On se demande quand même ce qu'il fait là et ce qui a pris à nos deux auteurs de vouloir l'y intégrer.

Comment ça c'est du racisme envers les italiens? Mais pas du tout, j'aime beaucoup les spaghettis et la pizza d'abord!

Donc, voilà, le Rayon noir n'est surement pas le meilleur album de la série et n'est pas non plus le meilleur album du duo, mais il reste un album diablement sympathique qui aborde, à destination de la jeunesse, un sujet compliqué avec pas mal de savoir faire mine de rien.