Une petite fiche sur un épisode mineur de la saga.
Titre : Le retour de Steve Warson
Auteur : Jean Graton
1ère publication : 1965 Tintin
Publication album : Le Lombard
Sources : H. Filippini Dictionnaire de la BD
Album utilisé : Réédition 1997 Graton éditeur sans modifications majeur du récit seul le motif des pages de reliure et le 4° de couverture est modifié.
Éléments de critique externe :
9° album de la série paru en 1965 (album) l'écart de parution avec « Route de nuit » 1962 laisse supposer un rythme de création très élevé de l'ordre de plus d'un album par ans.
On peut supposer que le choix du cadre de l'aventure (le port d'Amsterdam) s'appuie sur :
– L'enfance de l'auteur né à Nantes.
– Un certain goût pour la hollande de Jean Graton qui situe une séquence du « 13 est au départ » sur le circuit de Zandvord
Le travail en Belgique de J. Graton pour « Tintin » a pu également lui fournir un certain goût pour la Hollande.
L'ambiance des premières pages illustrant l'errance de Michel Vaillant sous la pluie dans le port avec son bar louche à matelot, n'est pas sans évoquer les romans de G. Simenon.
Éléments d'analyse :
Le retour de Steve Warson constitue l'un des épisode de la saga ne s'inscrivant pas dans le milieu de la course automobile, il n'a même aucun lien avec l'activité automobile comme « Route de nuit » qui illustrait le milieu des transporteurs routiers, ou « KM 357 » le monde des travaux publics.
La voiture ne joue quasiment aucun rôle dans l'aventure à tel point que Michel ne l'utilise qu'en dernier resort quand il constate qu'il ne peut avoir recours ni au train ni à l'avion pour se rendre à Amsterdam porter secours à son ami Steve (P 11).
Une fois sur place sa puissante voiture constitue plus un handicap qu'un atout.
P15 1/ 2 :
« A l'entrée des entrepôts, Michel juge préférable d'abandonner sa voiture qui lui semble un peu trop voyante... »
P18 3/1, 2 :
« La voiture abandonnée assez loin des quais... // ...Lentement, Michel se dirige vers le ''caïman bleu'' … sans se douter que... »
La seule voiture active de l'aventure est la puissante Oldsmobile noire des gangsters porteuse de mort.
L'aventure tranche également sur le fait que le héros perd de sa superbe, il subit plus qu'il ne dirige les événements, il est faillible physiquement (il souffre des dents) et ne trouve aucun sens à ce qui lui arrive.
P 31 3/3, 4 :
« J'ai l'impression de vivre un cauchemar ! J'ai peine à croire tout ce qui m'est arrivé depuis 24 heures ! ...Avoir découvert la piste de Steve... L'avoir reperdu !... Devoir lutter contre le temps, contre des inconnus... // …penser qu'on a voulu me tuer …Que Steve a l'heure qu'il est, est peut-être... J'aimerais pouvoir me réveiller, me retrouver à Paris commencer une journée normale, vous retrouver au club, rire avec vous ...Il me semble qu'il y a une éternité que je n'ai plus ri... »
L'aventure se déroule en hollande et se place sous le signe de l'eau, l'eau qui tombe du ciel et celle de la mer et des canaux. Symboliquement c'est après un tentative de noyade que Michel Vaillant trouve l'énergie de poursuivre l'aventure. Le passage par l'eau apparaît comme une renaissance à l'image d'un baptême.
Le statut des femmes
Présentent dans l'aventure les femmes occupent un rôle secondaire même si elles font preuve de courage et d'initiative, elle continue à incarner le sexe faible.
Adinda incarne les caractéristiques de la pauvre orpheline.
P63 4/3 :
« Je suis née en Nouvelle Zélande... J'aime le soleil... Je suis venue ici pour retrouver un restant de famille... Je n'ai trouvé personne. J'ai voulu travailler alors dans des bureaux... J'ai dû me contenter de cet emploi de servante au ''caïman bleu'' »
L'emploi de servante peut s'assimiler à une version soft de la prostitution. L'emploi de servante est de toute façon entaché d'ignominie de par la proximité qu'elle implique avec les hommes. La taverne apparaît comme un lieu d'homme en proie à ses passions. L'alcool coule à flot, et des hommes finissent complètement ivres.
Hubertine reprend son rôle de ménagère sitôt l'aventure achevé, tandis que les hommes discutent assis, elle apporte des boissons (P58 3/1) alors qu'elle a joué un rôle décisif au dénouement de l'histoire.
A la toute fin de l'histoire la conclusion appartient à Élisabeth Vaillant, la mère de Michel, qui ne sachant rien ce qui s'est passé, réprimande vertement les 2 héros (P64 4/1). Elle illustre l'archétype de la mère. En arrière-plan la présence d'Agnès l'épouse de Jean Pierre tenant son fils dans les bras achève de dessinée le modèle de l'image de la femme celle d'être une mère.
Parallèlement les homme adoptent une attitude assez infantile Michel et Steve font pâle figure devant la colère de la mère, ils préfèrent l'amitié virile entre hommes au rapport amoureux Steve abandonne Hubertine pour suivre Michel.
P 62 3/2 :
Steve : « Adieu, Hubertine... Je garderai de vous un souvenir très ému..
Hubertine : Moi aussi, Steve... Je … Je ne vous oublierai jamais. »
La différence des termes est éloquente Steve parle d'émotion ce qui trahi l'ignorance de ce qu'il ressent, ignorance qui explique son désir de fuir. Hubertine elle est plus sûr de ses sentiments mais résigné.