Bénie soit la guerre

Comme l'éditeur nous l'indique durant le texte d'introduction, ce comics va marquer un changement radical dans l'histoire de Frank Castle. Pour ceux qui n'auraient pas suivi, le symbole du Punisher a subi une récupération politique par certains radicaux aux Etats-Unis. Marvel, face à cet indicent décide de ne plus relancer de séries sur le personnage, le temps de trouver une solution.

Cela nous amène aujourd'hui avec cette relance désespérée, avec à sa tête le très clivant Jason Aaron accompagné d'une étoile montante dans l'industrie des comics, Paul Azaceta. Pour ce qui est de Jason Aaron, c'est un retour aux bases après l'excellent Punisher MAX paru en 2013 qu'il avait scénarisé en compagnie du défunt Steve Dillon. Malgré son passif d'écriture couronné de succès sur le personnage, personne n'était vraiment rassuré à l'annonce de cette série. En effet, le scénariste enchainait les mauvaises idées sur son run Avengers et personne ne voyait comment il allait redorer le blason du "Big Pun" après les scandales. Il avait la lourde tache de partir sur de nouvelles bases et tout relancer de zéro…

Si on m'avait dit il y'a plusieurs années que le Punisher allait se retrouver membre d'une organisation criminelle mystique en servant un dieu du sang, j'aurais rigolé. Et pourtant, nous voila et pour tout dire le résultat est ambivalent. Alors oui, l'histoire est prenante, les dessins dynamiques, et pourtant cela coince quelque part. Ce que, à mon sens, Aaron réussissait à merveille dans son premier essai sur le personnage en 2013, c'est la subtilité de son écriture, en prenant Frank Castle non pas comme une brute sanguinaire mais comme une âme détruite, détruite par la rage, détruite par la vie. Ici, rien de tout ça, en édifiant le personnage comme une arme surpuissante et demi-divine, on perd cet aspect de compassion pour le protagoniste. Les lecteurs qui suivent le personnage depuis ses débuts se retrouveront donc perdus.

Néanmoins si on met en dehors tout ça, et qu'on pose son cerveau, on ne peut pas le nier c'est relativement bon, on ne s'ennuie pas, le scénario est limpide et tout s'enchaine bien. J'attends la suite désormais, pour me décider entre fiasco total ou idée de génie.