Je ne regarderai plus Raiponce de la même façon.

Le premier tome de Fairest avait été un véritable ravissement. Un splendide voyage au cœur des Royaumes pour y découvrir l’étrange et amusant triangle amoureux mettant en scène Ali Baba agréablement entouré d’Eglantine et surtout la charmante Reine des Neiges. Fairest s’intéresse aux héroïnes de Fables et nous offre des petites parenthèses fortes intéressantes. Au programme de ce tome #2 une plongée dans le passé de Raiponce par Lauren Beukes.

Pour Raiponce, la pousse (trop) rapide de ses cheveux est le moindre de ses soucis. Sa belle-mère ne voit en elle qu’une lamentable dépravée, un sinistre message lui a récemment été apporté par un oiseau de papier, et les fantômes de son passé la poussent bientôt à gagner les terres du Soleil Levant. Sur place, deux rencontres risquent fort de bouleverser sa vie… (Contenu : Fairest #8-14)

Cette histoire centrée sur Raiponce se situe au début de Fables. Bigby et Blanche-Neige sont encore en poste dans les Sylves. Raiponce, alors qu’elle se fait couper les cheveux par Joël Corbeau, pour changer, voit s’abattre sur elle des centaines d’origamis de papier. Tous portant le même message : « Tes enfants. » !
Devant le refus de Blanche de la laisser rejoindre le Japon, Raiponce va y aller par ses propres moyens grâce à l’aide de Joël et de Jack. Si l’un va s’avérer avoir un rôle intéressant dans sa relation avec la belle blonde, je dois bien avouer que je n’ai pas compris pourquoi Jack est utilisé dans cette saga, il n’apporte rien.
Le début de l’histoire nous permet de comprendre que les cheveux de Raiponce poussent plus vite dans certaines circonstances, qu’elle a eu des enfants, que lui a enlevés sa sorcière de belle-mère (belle-mère qui s’avère être un personnage récurrent de Fables ! J’aime le principe de Willingham d’utiliser plusieurs fois son personnage pour incarner plusieurs héros ou vilains de contes.) et que pour survivre à son deuil Raiponce a vécu en Orient.

Une fois au Japon, rien ne va se dérouler comme prévue, Raiponce va tomber sur son ancienne amante et nous allons être emportés avec les personnages dans un tourbillon de mythologies et croyances japonaises. Surtout, Raiponce va comprendre que les origamis ne s’orientaient pas vers les enfants auxquels elle croyait…

Ce deuxième volume, permet, pour les néophytes, de découvrir à quel point la culture japonaise est riche de créatures et d’êtres surnaturels farfelus que l’on nomme yokaï. Des kitsunes, renards pouvant avoir jusqu’à neuf queues selon leur puissance et bien connus des fans de Naruto ; des tanukis, sortent de ratons-laveurs, esprits de la forêt ; des kappas, monstres avec un bol remplit d’eau dans la tête ; des bakenekos, gros chats doués de parole et tellement d’autres. Tous ces yokaïs peuvent paraître assez bizarres mais ce sont des créatures d’une grande richesse et possédant une forte emprise encore sur le Japon. Ce sont des croyances qui sont rentrées dans la vie de tous les jours malgré leur aspect abstrait. Il faut reconnaître que pour les néophytes, ils peuvent se sentir un peu perdus au début. La mythologie nippone est tellement loin de tout ce que l’on peut connaître en occident, mais tellement intéressante et passionnante. Et Lauren Beukes parvient à merveille à mettre en avant beaucoup de ces yokaïs de façon fort intelligente.
Elle parvient également à nous donner l’impression d’être au Japon, avec les looks de cosplay des humains, le pachinko, le karaoké, les futons, le sumo, les kimonos, les samouraïs… Des éléments clés du Japon dans notre imaginaire, traités de façon légère et non caricaturale, un simple dessin, juste quelques mots, le nécessaire pour nous imprégner de cette culture ancestrale. Et pour cela, elle peut aussi remercier Inaki Miranda au dessin, qui nous offre des planches de toute beauté, tellement vivantes et parfois si effrayantes !
Car l’horreur est un thème récurrent au Japon et les cases de Miranda lorsque Raiponce est au fond du puits avec ses cheveux semblant si agressifs, le visage presque démoniaque, rappelant très clairement celui de Sadako dans Ring. Il nous glace le sang ! Car oui ce deuxième tome de Fairest n’est pas à mettre entre toutes les mains. Il ya des scènes assez violentes et des cases clairement effrayantes. Miranda rendant à merveille le fabuleux et la richesse des yokaïs japonais mais aussi l’horreur et la violence qu’ils peuvent dégager, car n’oublions pas que les yokaïs sont rarement des êtres bons. Et cela tombe bien cette histoire n’a rien d’un conte de fée, loin de là, et Raiponce n’est pas une innocente et faible princesse, loin de là. Elle est capable du pire et peut montrer un visage qui nous fige sur place, nous laissant en sueur !

Je ne peux rien dire de plus sur l’histoire tant elle est captivante et immersive ! On ne peut lâcher notre bouquin tant nous sommes happés par les aventures de Raiponce, une vie si triste et remplit de vengeance et de colère. On navigue entre Japon médiéval et Japon high tech d’aujourd’hui. Entre souvenirs douloureux pour Raiponce et présent où la vengeance règne. Les révélations nous laissent sans voix et les clins d’œil au Japon sont si nombreux !

Le tome se termine avec un dernier chapitre de Bill Willigham et Barry Kitson, centré sur Goupil et sur les difficultés pour nos Fables à nouer des histoires d’amour tant parfois les différences entre eux sont insurmontables. C’est surtout l’occasion de voir dans le cliff final que Geppetto semble décidé à se venger…

Bref, c’est juste magnifique grâce à Miranda, envoûtant grâce à Beukes. Les deux artistes nous livrent l’une des meilleures histoires que j’ai pu lire dans l’univers de Fables. Riche de plusieurs mythologie que se mélangent, intelligent, narration captivante, de l’amour, de la tristesse, de la violence, de l’horreur même. On passe par tout plein d’émotion qui nous figent dans notre fauteuil. Sans conteste l’une de mes lectures favorites de cette année. Si cette série continue comme cela, cela va être un régal.
Je ne regarderais plus Raiponce de la même façon.
Romain_Bouvet
10
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le 13 juin 2014

Critique lue 495 fois

8 j'aime

Romain Bouvet

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