De la démocratie en pays maudit
Avant de lire cet album, n'oublions pas un point important du monde des Schtroumpfs (élément qui passe complètement au dessus de nos bambins), l'élément politique :
Les Schtroumpfs vivent dans un état Totalitaire avec un culte de la personnalité du Grand Schtroumpf. Le Grand Schtroumpf est cependant un despote éclairé, ce qui fait passer la pilule.
Dans cet album, Peyo se laisse aller (et ce sera la seule fois) à laisser les schtroumpfs s'essayer à la politique. Suite au départ du Grand lutin bleu, les schtroumpfs se lancent dans une joyeuse campagne politique, avec élection au suffrage universel du remplaçant temporaire de leur leader.
Démocratie donc. Mais démocratie basée sur des promesses iniques du candidat finalement vainqueur (sans oublier les pots de vins à coups de jus de framboise). Ce dernier élu, le régime tourne à la dictature obscurantiste, avec en réaction un mouvement de résistance acharné.
On assiste au final au siège du village des Schtroumpfs transformé pour l'occasion en château fort. Gardons un minimum de suspense pour la fin, mais le retour du Grand lutin bleu habillé de rouge est terrible pour nous, car devant ce désastre, il traite ses sujets "d'humains".
Les schtroumpfs ne sont pas rancuniers, n'hésitant pas à aider le fautif à réparer ses bêtises. Morale de l'histoire : la politique, c'est un jeu dangereux qui fout le bordel, mais ça reste un jeu. Et le Grand Schtroumpf, c'est le top du top chez les dictateurs car il est très gentil.
Tocqueville n'a plus qu'à écrire son essai sur le pays maudit.