Après avoir fait de la science-fiction et de l'historique sur la période coloniale, Appollo se penche sur l'antiquité et ne parle ,ni de l'Empire Romain, ni des cités état-grec mais du crépuscule de la civilisation carthaginoise, après la défaite des armées d'Hannibal en Italie.
Carthage, c'est le joyaux de l'Afrique du nord, c'est la rivale de Rome et c'est une civilisation qui n'est plus exploitée par les auteurs de bd de romans ou de films depuis très longtemps. A l'image de l'Empire byzantin, son nom ne signifie plus grand chose auprès du grand public. Appollo répare cette injustice avec cette bd franco-belge d'une indéniable originalité.

Horodamus le gaulois et Berkan le numide sont deux mercenaires puniques peu enclins à la réflexion mais assez intelligents pour s'apercevoir que Carthage est en pleine crise financière et que les armées Romaines s'apprêtent à lui administrer une sévère déculottée.
Pour éviter de faire partie du camps des vaincus, quoi de mieux que de déserter les rangs ?
Reconvertis en bandits, ils vont rapidement faire équipe avec une belle et charmante voleuse envoyée par une mystérieuse guilde pour participer au "casse du siècle" : le pillage du légendaire trésor du temple de Tanit Face-de-Baal.
Malheureusement, Carthage agonise, les Romains encerclent la ville et les cieux sembles s'obscurcirent de sombres présages.

L'histoire de Carthage est tragique et cela se ressent dans l'atmosphère de cet album, malgré un humour noir décapant et des personnages haut-en-couleurs.
L'atmosphère est lourde, funèbre, la fin de Carthage est proche.
Sa chute est inéluctable et les conditions de la population carthaginoise assiégée se dégradent de jours en jours. Poussés par un désespoir et une folie grandissantes, ces derniers sont partagés entre le devoir et la survie mais tous ressentent la perte de leur cité comme une fatalité.
Ici, Rome est un conquérant cruel et sans pitié qui ne fait qu'écraser sous son talon, une cité potentiellement capable de mettre fin à son hégémonie. C'est donc une ambiance de fin du monde qui domine cette album avec la disparition d'une culture absolument unique.
Ni l'humour, ni les personnages amusants n'arrivent à enlever l'impression d'immense tristesse éprouvée face à cet événement historique.

Les dessins vifs et colorés de Tanquerelle accentuent ce côté "sans espoir" avec une utilisation importante de couleurs chaudes comme le rouge sang et le jaune ocre. Jamais, pareille histoire n'aura été si colorée. Les personnages en plus d’être très expressifs, sont dessinés de façon caricaturale avec un gros nez pour notre gaulois et une mine de chien battu pour le numide ce qui tranche radicalement avec ce sentiment de décrépitude ambiante.

Les voleurs de Carthage est une bd tout simplement fantastique à l'ambiance palpable: elle mêle l'absurde, le comique et la tragédie avec une facilité déconcertante. Son humour noir incisif et ses dialogues cinglants accompagnés par des dessins aux couleurs chaleureuses en font une œuvre résolument adulte d'excellente qualité !

Un coup de cœur !

(série terminée en 2 tomes)
Asarkias
8
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le 4 nov. 2014

Critique lue 355 fois

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Asarkias

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