Quand j'étais gamin, mon super-héros préféré de la Marvel était sans conteste Wolverine (enfin, Serval). Sûrement à cause des griffes et de son caractère irascible, sans oublier son aptitude à dézinguer ses ennemis sans sourciller. Puis, en grandissant, j'ai découvert le Silver Surfer et j'en suis littéralement tombé amoureux. Déjà parce qu'il avait un surf. Plus cool que ça, tu meures. Ensuite, il émane de ses aventures un aspect shakespearien et une immense mélancolie. Certains pourront lui reprocher de trop parler, de se lamenter sur son sort. Ils n'auront pas forcément tort. Mais je préfère voir en lui un personnage complexe, torturé, plutôt que pleurnichard.
A la suite d'une rencontre amicale, le scénariste Stan Lee et l'artiste Jean Giraud alias Moebius, tout deux admiratifs du travail de l'autre, décident de mettre leurs talents en communs afin de faire revivre le héraut malheureux de Galactus, le dévoreur de planètes, le temps d'une courte série.
Combinant parfaitement les styles européens et anglo-saxons, "Parabole" est un récit effectivement court mais intéressant, au style graphique particulier mais parfaitement dans le ton du comic-book de l'époque (on pense au "Dark Knight returns" de Frank Miller), qui risque cependant de ne pas faire l'unanimité auprès des fans.
Si l'ensemble accuse le poids des années et si l'histoire tombe parfois dans la facilité, sa vision du monde, extrêmement pessimiste, n'est pas dénuée d'intérêt, montrant l'homme comme une espèce dominée et incapable de se prendre elle-même en charge, un mouton suivant bêtement le mâle dominant à l'abattoir, clouant au pilori quiconque aura une opinion à l'opposée de la masse.