Qu'il est doux de flâner dans la bibliothèque familiale et de tomber sur ça.
La fameuse collaboration Stan Lee / Moebius autour du non moins fameux Surfer d'argent en supplément d'un numéro de A SUIVRE. Intéressant de lire l'interview de Moebius (quelques pages plus loin, une interview de François Mitterrand et de son rapport à la BD) expliquant le processus de création d'un comics - aux antipodes de la démarche franco-belge - où il se retrouve à composer avec un scénario sommaire, à devoir improviser en partie les dialogues.. Et d'appeler de ses vœux les dessinateurs franco-belges à investir le terrain du comics, à ne pas laisser tout le terrain aux anglais qui eux n'ont pas la barrière de la langue ! A noter qu'il verrait bien Tardi officier à la destinée de... Superman ! C'eut été... Quelque chose.
Enfin, achevons cette longue digression et abordons l'oeuvre en tant que telle. Graphiquement, c'est du pur Moebius, les scènes de foules et d'émeutes rappellent furieusement L'Incal, les lignes épurées composant les paysages urbains leur donnent un aspect très futuriste. Moebius apporte un soin particulier au personnage de Galactus, renforçant sa présence titanesque ; a contrario, son Surfer d'argent, particulièrement épuré une fois ses oripeaux à terre (magnifique case), se définit avant tout dans le mouvement, forcément aérien, en peu de traits. Si vous aimez Moebius, vous serez séduits.
Côté scénario, l'histoire souffre d'un format 55 pages qui l'oblige à condenser sa parabole en un message simpliste. Non pas que le propos soit inintéressant - l'humanité en quête désespérée d'un berger, tyrannique ou non, incapable de se gouverner elle même - mais le discours emprunte trop au lexique religieux chrétien. Pour deux entités cosmiques qui s'affrontent, ça fait un peu tâche. De même, les (rares) personnages secondaires ont du potentiel, mais évoluent trop vite gagner en matière.
Ce Parabole est au final un bel exercice graphique pour Moebius, porté par un scénario peut être trop simple de Stan Lee, porteur de thèmes trop ambitieux au vu du format choisi. On n'est passé loin d'une oeuvre véritablement marquante, qui aurait peut être changé l'histoire du comics.