Jeune tambour de l’armée napoléonienne, Vincent Bosse participe à la bataille de la Moskova lors de la campagne de Russie en 1812. Avec son visage d’ange, il va traverser le conflit et être témoin des affres de la guerre…
Dès le départ, le joli graphisme attrape le regard, grâce à la finesse des traits et la colorisation à l’aquarelle qui donne un aspect chatoyant à l’ensemble, allant même jusqu’à faire référence à la peinture (Chagall, par exemple). Cependant, ces dessins bigarrés dénotent avec le thème de la BD. En effet, à travers la campagne de Russie de l’armée napoléonienne et sa retraite, l’auteur va mettre habilement en opposition l’innocence incarnée par le jeune tambour au visage d’ange et le mal représenté par les horreurs de la guerre, matrice ici de toute violence.
De plus, il va interroger la notion de culpabilité, à travers le témoignage de son personnage vieillissant qui se sent fautif (le récit étant construit en flash-backs), étant souvent complice passif de l’agissement de ses compagnons d’armes. Le protagoniste doute alors de sa position de témoin comme s’il subissait les faits, plus spectateur qu’acteur de ses souvenirs.
Avec un clin d’œil en fin de récit, Le tambour de la Moskova est une BD historique très réussie, tant par son esthétique que son propos, offrant une vision pertinente de l’horreur de la guerre et, d’une certaine manière, de la perte de l’innocence.