Dis, combien tu m'aimes ?

Au terme des quatre premiers tomes du Vendeur du magasin de vélos je n’ai pas pu m’empêcher de mettre en regard ce qui s’offrait à nous avec les propos lumineux (à mes yeux) que Michel Bozon tient dans son Pratique de l’amour lorsqu’il évoque les amours naissantes. Parce que la rencontre entre Tomoko et Ryohei fait directement écho aux premiers pas d’un couple et permet aussi de répondre à une question en apparence simple : pourquoi l’amour provoque-t-il tant de bouleversements dans nos vies ?

C’est que l’amour engendre une « remise de soi » ainsi qu'une « emprise sur l'autre » : on se donne à l’autre par petits bouts, par différents éléments (cadeaux, temps passé ensemble, corps, secrets partagés...), on se dévoile, on se révèle des choses. Le calcul n’est pas forcément absent : se confier à l’autre c’est aussi espérer qu’il en fera de même ; on ne dit pas tout la première fois, on sélectionne les faits… Et puis il faut aussi accepter que l’autre ce n’est pas soi, qu’il a eu une vie avant nous (la réputation de « queutard » de Ryohei), que certains peuvent en savoir plus sur lui que nous (ses amis).

Aimer c’est aussi se confronter au regard des autres. Ryohei fait un peu voyou, « mauvais genre » ce qui heurte certains collègues de Tomoko (ils sont « mal assortis ») ; Ryohei est un « beau gosse » qui laisse rarement indifférent d’où des regards appuyés… et une ex rencontrée alors qu’il est avec Tomoko (coucou le Palmashow).

On voit donc à travers les 4 tomes, les grandes étapes dans la naissance de sentiments amoureux entre deux personnages pris dans des environnements différents mais qui se rapprochent, se disputent, sortent et mangent ensemble. Un quotidien marqué par une grande décision prise par Tomoko qui n’est peut-être que la première d’une longue série. Reste maintenant pour le manga à aborder les autres chapitres de Michel Bozon, en commençant par celui sur « les hauts et les bas de l’amour dans un couple stable ».