Avec Léonard est un génie (1977), Bob de Groot et Turk nous présentent le début d’une saga déjantée où un inventeur génial (et un brin tyrannique) fait la vie dure à son disciple dévoué. Ce premier tome pose les bases d’un humour slapstick, mêlant explosions, inventions absurdes, et une bonne dose de malchance pour Basile, l’éternel souffre-douleur. C’est drôle, parfois chaotique, et clairement destiné à ceux qui aiment voir des personnages courir après leur propre destruction.
Léonard, comme le titre l’indique, est un génie autoproclamé – et aussi un mégalomane impitoyable. Obsédé par ses idées (souvent loufoques), il met son disciple Basile à rude épreuve, transformant chaque journée en une série de tests farfelus qui finissent immanquablement en catastrophe. Le contraste entre l’arrogance de Léonard et l’endurance désespérée de Basile est au cœur de l’humour de la série, et ce premier tome ne manque pas de moments hilarants.
Basile, lui, est le héros véritablement attachant de l’histoire. Son rôle ? Survivre. Que ce soit en servant de cobaye, en réparant les dégâts, ou simplement en essayant de se reposer (souvent sans succès), il incarne l’humain face à l’impossible. Son expression de résignation permanente fait sourire, tandis que ses répliques sarcastiques apportent une touche bienvenue de rébellion passive.
Visuellement, Turk livre un travail coloré et dynamique, avec un style caricatural qui colle parfaitement au ton de la série. Les machines de Léonard, souvent improbables, sont dessinées avec soin et regorgent de petits détails absurdes qui ajoutent au plaisir de la lecture. Les explosions, chutes, et autres gags visuels sont magnifiquement orchestrés, même si certaines scènes peuvent donner l’impression de se répéter.
Narrativement, Léonard est un génie fonctionne comme une série de sketches, chaque planche explorant une nouvelle invention ou une nouvelle idée de génie… qui tourne mal. Cette structure légère et répétitive est à double tranchant : elle permet des gags rapides et efficaces, mais peut aussi devenir prévisible sur la longueur. Cependant, pour un premier tome, ce format introductif est tout à fait adapté.
L’humour repose principalement sur les catastrophes, les quiproquos, et les interactions entre Léonard et Basile. Si certains gags font mouche, d’autres peuvent paraître un peu datés ou manquer de subtilité. Mais l’ensemble reste agréable, grâce à une énergie constante et un rythme enlevé.
En résumé, Léonard est un génie est un premier tome amusant et prometteur, où Bob de Groot et Turk posent les bases d’un univers décalé et explosif. Si l’album manque encore un peu de variété et de profondeur, il compense largement par son humour visuel et ses personnages attachants. Une lecture idéale pour ceux qui aiment les génies fous, les machines improbables, et les disciples qui mériteraient une prime de danger. Un début explosif (littéralement) qui donne envie de voir jusqu’où Léonard poussera son "génie".