Avant 2012, je ne connaissais que très vaguement Zidrou via les Crannibales, Tamara et l'Élève Ducobu, des séries pas indignes d'intérêt mais pas folichonnes non plus. Puis j'ai découvert La Peau de l'Ours et depuis le nom Zidrou est devenu une valeur sûre de la bande-dessinée pour adulte. C'est donc avec beaucoup d'intérêt que je retrouve Zidrou et Oriol, le duo par qui tout a commencé.
N'ayant rien lu au préalable sur ce titre et ne me fiant qu'à la couverture, je pensais avoir affaire à un album de Fantasy et je fus surpris d'avoir entre mes mains un véritable conte.
Car, aussi bien que dans sa forme que dans son fond, Les 3 Fruits répond à toutes les caractéristiques du conte (de fée ?) : la scène d'exposition, l'élément déclencheur, les péripéties sous formes de mises à l'épreuve, la narration qui s'enchaîne sous forme de répétitions… Il ne manquait plus que le « Il était une fois ». Bon, certes, pour le « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » il faudra repasser mais la fin, qui laisse un sentiment de tristesse malgré MINI-SPOILER la défaite du méchant sorcier, a une morale et même une morale féministe, chose assez rare dans les contes de fées traditionnels.
Mais surtout ce qui est très fort dans ce livre, c'est qu'il est tellement bien écrit qu'on pourrait le lire, le raconter à haute voix en se passant totalement des dessins. Bien entendu, ce serait bien dommage car le travail d'Oriol aussi atypique soit-il est d'une très grande qualité ajoutant à la noirceur et l'oppression du récit tout en faisant luire les rares lumières positives.
Zidrou continue sa lancée sans-faute dans l'univers de la BD adulte, excellant quel que soit le genre auquel il s'attaque : du récit colonialiste au récit de guerre en passant par le policier, la chronique sociale, et, ici, le conte.