Alleluia ! Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Ce huitième tome de L’Histoire Secrète réussit enfin (en partie) là où les sept précédents échouaient, et les mystères du scénario de ce récit, contrairement aux mystères épaississants et gluants des tomes précédents, apportent un peu d’enjeu et attise la curiosité, petit plaisir cérébral dans la sollicitation du lecteur. Nulle part trace des 7 Piliers de la Sagesse mais on commence à s’habituer aux titres et couvertures mensongères de la série. Cependant l’intrigue emmenée par Reka permet de donner du corps à ce personnage, enfin, et les liens occultes prennent sens, ne semblent plus tomber du ciel au hasard des envies irraisonnées de l’auteur. Des aspects ésotériques et ludiques de la Kabbale à la sainteté mystique de Jérusalem en passant par la légende de la reine de Sabba, deux tiers de l’épisode ne racontent qu’une seule histoire le long d’une narration nouée de liens réfléchis et intéressants. Un seul bloc narratif, pas nécessairement dense mais unique et solide. Quelques défauts familiers de la série trainent encore deci delà, l’auteur s’il s’améliore, reste le même, mais quelques ingénieuses trouvailles (autour du temps ressenti par les personnages notamment) nourrissent l’implication.
Même le dessinateur semble y avoir trouvé un minimum de motivation : de plus nombreux portraits accaparent l’œil, fins et détaillés, expressifs et presque réalistes, des décors enfin travaillés jusque dans le détail, un peu de dynamisme dans le mouvement des objets pour donner de l’élan au récit, comme lors de l’explosion du train. Puis les couleurs, sublimes et nuancées, de Chris Chuckry donnent un attrait supplémentaire à l’ouvrage.
S’il n’y a guère de sagesse ici, il y a un début de quelque chose : les bases encore fragiles, mais enfin intéressantes, de futurs piliers de la narration. Quelques éclairs qui n’illuminent pas totalement la série mais qui y apportent enfin un semblant d’intérêt. Les secrets de l’histoire, enfin, intriguent.
Affaire à suivre.
Matthieu Marsan-Bacheré