Marcus et Arminius ont grandi sous le même toit. Même si l’un est romain et l’autre germain, tous deux ont été élevés dans la maison du père de Marcus, le patricien Titus Valerius Falco. Alors qu’il n’était encore qu’un enfant, Arminius a en effet été confié à Falco après la défaite des Germains face aux Aigles de Rome, le surnom donné aux armées romaines. Pendant longtemps, Marcus et Arminius ont vécu comme des frères. Ils ont même mêlé leur sang pour sceller un pacte de fraternité éternelle. Mais ce temps paraît bien loin. Un temps les meilleurs amis du monde, les deux jeunes hommes sont désormais les pires ennemis. Car Marcus a découvert avec stupeur que le valeureux Arminius, en qui le général Varus a toute confiance, joue un double jeu. Tout en donnant aux Romains l’impression qu’il se bat à leurs côtés, il agit derrière leur dos pour unir les tribus de Germanie et organise la rébellion face à l’envahisseur romain. Sous son véritable nom d’Ermanamer, Arminius déploie lentement mais sûrement un piège mortel pour les Aigles de Rome et honore ainsi la promesse faite à son père, le prince Sigmar. Après avoir découvert le véritable visage de son ancien ami, Marcus tente en vain de prévenir Varus et les autres dignitaires de l’armée romaine des dangers qui les attendent. Mais ceux-ci refusent de l’écouter: pour eux, Marcus est simplement jaloux d’Arminius. Emprisonné, Marcus assiste avec impuissance à la déroute de l’armée romaine, tandis que sa bien-aimée Priscilla et son fils Titus se retrouvent bien malgré eux en première ligne sur le champ de bataille. S’enfonçant dans une épaisse forêt envahie par la brume, les légions romaines sont loin de se douter du sort funeste qui les attend en Germanie…
Trois ans après la sortie du quatrième tome des "Aigles de Rome", voici enfin le Livre V des aventures de Marcus et Arminius. Une longue attente qui en valait la peine, car ce nouvel album s’avère particulièrement spectaculaire. Comme Enrico Marini l’avait annoncé lui-même dans une interview à AGE-BD, ce Livre V constitue un épisode crucial dans la série. Basé en partie sur des faits réels, il raconte la fameuse bataille de Teutoburg, lors de laquelle trois légions romaines ont été anéanties par une alliance de plusieurs tribus germaniques menée par le chef chérusque Arminius. Cette bataille, certainement l’une des plus cuisantes défaites romaines, représente un épisode historique particulièrement symbolique, dans la mesure où pour la première fois, des Barbares sont parvenus à mettre à genoux les soldats de Rome, considérés alors comme les maîtres du monde. La façon dont Enrico Marini met en images ce terrible affrontement entre Romains et Germains est tout simplement extraordinaire. Bien sûr, on connaît depuis longtemps ses talents exceptionnels de dessinateur. Mais dans cet album, il est véritablement au sommet de sa puissance graphique, gratifiant notamment ses lecteurs d’une superbe double page au cœur de la bataille. Il faut dire que la série "Les Aigles de Rome" est particulièrement chère à Marini, car c’est avec cette histoire de frères de sang qui deviennent ennemis qu’il fait ses premiers pas en tant que scénariste. Après avoir été à bonne école en collaborant avec Stephen Desberg (pour "L’Etoile du désert" et "Le Scorpion"), Jean Dufaux (pour "Rapaces") et Thierry Smolderen (pour "Gipsy"), l’auteur suisse a choisi de travailler en solo sur "Les Aigles de Rome". Avec succès, puisqu’au fil des albums, Marini se révèle de plus en plus doué pour le scénario, proposant un savant mélange de romance, de rebondissements et d’action. A mi-chemin entre "Murena" et "Gladiator", "Les Aigles de Rome" plaira à coup sûr à tous les amateurs de bande dessinée historique.
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