Tsukiko, trentenaire solitaire, fréquente les bars/troquets où elle consomme bière, saké (chaud ou non) accompagnés de quelques plats salés typiques de l’archipel nippon. Une gourmette solitaire ? Sans doute. Mais un élément perturbateur surgit sous la forme de son ancien professeur de japonais. Sans se coordonner, les voilà qui partagent boissons et nourriture dans un café qu’ils fréquentaient sans s’être croisés auparavant (chacun paie sa part).
Si les plats et boissons sont évoques et dessinés, cette adaptation d’un roman d’Hiromi Kawakami ne verse pas dans le manga culinaire : il ne s’agit pas de trouver le meilleur tofu frit du Japon ou le meilleur saké. Les années douces c’est davantage l’histoire de la construction d’un lien amoureux entre les deux personnages (même s’ils ont plusieurs 10aines d’années d’écart, oui). L’avant et l’après importent peu. Progressivement, leur espace de rencontres s’élargit au-delà du café : une île, une exposition, cueillir des champignons, aller à une fête… d’anciens du lycée.
Le rythme est lent et c’est peu à peu que l’on voit les sentiments de Tsukiko évoluer, son regard sur « le maître » changer pour ne plus le considérer comme un retraité/vieux mais comme un amant (pas au sens tromperie du terme : il est veuf et Tsukiko est célibataire). L’asymétrie entre les deux personnages fait parfois penser aux 2 héros de l’enfant et le maudit. Même s’ils n’ont finalement rien d’exceptionnel. On pourrait voir en eux 2 êtres assez quelconques, qui n’ont rien accompli d’extraordinaire et cela pourra au choix attirer (pourquoi les récits devraient-ils forcément concerner des personnes d’élite ? Pourquoi la lenteur serait-elle un défaut ?) ou repousser (osef du romantisme périmé d’un vieux prof et de son ancienne élève).
Les années douces sont donc un nouveau manga contemplatif à verser au dossier de Jiro Taniguchi. Une adaptation qui offre au mangaka l’occasion de faire d’une femme son personnage principal. Pour un résultat convaincant ?
La (vraie) note : Boire et manger, c’est mieux à deux/20