Comme beaucoup, je ne connaissais de Fantômas que les films comiques où Louis de Funès incarnait le fameux inspecteur Juve. Je savais cependant qu'ils étaient adaptés d'une série de romans, qu'ils ne préservaient pas du tout l'esprit de ces derniers, et c'est avant tout pour cela que je me suis procuré cette bande-dessinée qui se veut plus fidèle (le tour des romans viendra très probablement).
On est immédiatement frappé par le dessin très particulier de Julie Rocheleau, anguleux, bizarre, avec un penchant pour la dysmorphie. C'est une originalité qui me plaît. Les scènes sont parfois très violentes et sanglantes et témoignent d'un certain goût pour les couleurs sombres et âtres (bleuâtre, jaunâtre, verdâtre, rougeâtre) et pour les contre-jours.
Le scénario de Bocquet se construit sur la vengeance de Fantômas, qui a échappé on ne sait comment à la condamnation à mort et veut se venger sur le Paris de la Belle Époque. Sur ce point, j'ai été un peu déçu par les procédés de Fantômas. Je pensais que c'était un idéaliste certes cruel mais qui s'attaquait à des personnes qui à ses yeux le méritaient. Finalement il apparaît plutôt comme un dangereux malade qui s'attaque avec un plaisir sadique aux innocents pour terroriser le monde (du moins c'est l'impression que laisse la scène du procès).
Cependant je ne suis pas trop en position de me plaindre sachant que je n'ai pas (encore) lu de romans de cet anti-héros, peut-être parfaitement respecté ici. À découvrir en attendant la suite : il s'agit du premier volet d'une trilogie.