Objectivement, ce volume propose un enchaînement de péripéties soutenues et à peu près cohérentes. (À peu près, car j’ai du mal à croire qu’à ce moment du récit, une morsure de zombie puisse encore passer inaperçue.) Seulement, à la lecture, le tout m’a semblé vite expédié – mollasson et décousu. Peut-être parce que cet épisode intervient comme trop tard : les Chasseurs aurait peut-être fait un très bon tome 2 ou 3.
Des cannibales ? L’idée a beau n’être pas nouvelle, elle doit être traitée par toute œuvre qui pose la fin de l’humanité comme prémisse. Un vieil homme qui veut se cacher pour mourir ? Rien de bien surprenant, mais soit : les morts précédentes étaient si anonymes… Un dilemme d’autant plus marqué qu’il met en jeu trois enfants ? C’est intéressant, et ça change des épisodes dans lesquels les personnages ont autant de liberté qu’une bille de flipper. Un personnage de prêtre ? Il fallait en passer par là, s’agissant d’une série post-apocalyptique. De l’humour noir – ou en tout cas du rire jaune ? Pourquoi pas…
Mais décidément ça ne prend pas. Le volume donne l’impression que tout y est télécommandé, on oublie les surprises et les coups de théâtre – qui pourtant ne manquent pas – sitôt qu’on a tourné la page.
Ainsi les « chasseurs » qui donnent leur titre à l’épisode se manifestent-ils pour la première fois page 28, apparaissent au grand jour à la page 70, et sont définitivement hors d’état de nuire page 126 : c’est rapide, par rapport au grand danger qu’ils sont censés représenter. De même, l’église comme refuge, c’est une bonne idée, mais à aucun moment on ne peut s’imaginer qu’il s’y passera autant de choses qu’à la ferme – pour ne pas parler de la prison ? Je ne parle pas du secret très vite éventé du père Stokes… (Et je reviens à l’idée que ce volume vient trop tard : j’ai eu l’impression que les auteurs font ici comme un lycéen qui, au milieu de sa dissertation, s’aperçoit qu’il a oublié une partie de l’introduction, et y revient.)
À la rigueur, si les Chasseurs interpelle, c’est moins pour ce qu’il montre que pour ce qu’il préfigure. Que va devenir l’enfant qui a tué l’enfant qui a tué l’enfant ? La présence d’un personnage de prêtre, dans une série grand public états-unienne, apportera-t-elle autre chose que le vague message spirituel attendu ou pressenti, au mieux un peu niais et au pire insupportable de bigoterie ? Quelles seront les prochaines rencontres du groupe, dont on se doute qu’il est encore trop peu nombreux, scénaristiquement, pour perdre encore des membres ? (Désolé du jeu de mots…)
Comme dans l’épisode précédent, les attentes sont reportées – à la différence qu’ici, on le sait presque avant d’attendre.
Critique du volume 10 ici, du 12 là.