Au moins y a-t-il maintenant une atmosphère un peu moins nihiliste: le voyage vers Washington donne un sens à la survie des personnages, sens qui faisait bien défaut jusqu'ici. Ceci dit, reste à vaincre les prédateurs. L'intérêt, ici, c'est que les zombies, qui ne servent guère qu'à éclabousser l'image de cervelle sous le sabre de Michonne, servent de plus en plus de pôle de référence comportemental aux humains survivants: on chasse les semblables pour les manger. Rick et ses amis sont amenés à franchir descendre une nouvelle marche vers l'animalité: torturer de sang froid et tuer de même. Même les enfants s'y mettent.
On peut dire tout ce qu'on veut sur le côté gore du récit, il reste qu'il parle vraiment d'une éventualité vers laquelle se dirige ce XXIe siècle si civilisé: tuer en quantité de sang froid pour faire de la place. Les Droits de l'Homme, encensés par une armée de croyants, se dissolvent en cas de nécessité comme le sucre dans le café.
L'intervention d'un pasteur un peu débile offre l'occasion à Rick de ressortir les imprécations athéistes attendues dans l'air du temps. Même si les zombies venaient à disparaître - par pure hypothèse - les humains rendus à une vie normale ne seraient pas plus moraux qu'eux. Jusqu'à ce qu'un nouveau discours religieux ou politique baigne de morphine leurs pulsions et leur fasse croire que la loi de la jungle a disparu. Jusqu'à la prochaine.