Le plus regrettable avec ce vingt-septième album, et en même temps un vrai test, c’est que le vingt-huitième pourrait être exactement le même. Il suffirait d’un autre camp à incendier et d’un autre Gabriel – dont l’entraînement au tir du volume précédent n’avait peut-être pas d’autre rôle que de préparer dans celui-ci l’administration d’une piqûre de rappel : Walking Dead n’est pas avare en morts stupides. D’ailleurs, c’eût pu – ça peut toujours – être une option scénaristique radicale pour recentrer la série : tout dévaster, faire s’éparpiller tout ce beau monde et ne plus suivre qu’un petit groupe de survivants.
On trouve dans les Chuchoteurs pas mal de planches de 4 × 4 cases qui entrelardent des scènes de batailles, et d’une façon générale beaucoup de casses d’un seizième de planche. Sur le papier, l’idée était bonne. Dans la pratique, et dans la structure générale de l’album, elle me paraît surtout le signe d’une tendance au remplissage. Ce n’est sans doute pas un hasard si on retrouve un balancement entre récit de survie et intrigues sentimentales qui ici alourdit considérablement un récit, par ailleurs – et paradoxalement ? – riche en action.
Il me semble que l’album met en relief un autre gros problème, celui de la vraisemblance (1). Que des vivants, en se faisant particulièrement furtifs, puissent passer quasiment inaperçus aux yeux – façon de parler – des zombies, ça peut se concevoir – quoique dans l’album précédent, tout l’accueil de Negan par les chuchoteurs était déjà rendu fort peu crédible de ce point de vue. Que dans la masse, ils arrivent à se faire passer pour des zombies aux yeux d’autres vivants désormais habitués depuis plusieurs années à rencontrer des hordes, ça ne paraît pas illogique.
Qu’ils pilotent des hordes de zombies, tout en se conduisant au milieu d’eux avec à peine plus de discrétion que des taurillons pendant les fêtes de Pampelune, et ça devient n’importe quoi. Le kitsch qu’on ne trouvait plus guère dans la série fait ici son retour, et pas par la grande porte. Ou alors c’est de l’humour, mais l’humour est une denrée très rare dans Walking Dead.
Heureusement qu’il reste les personnages de Negan et d’Eugene pour tenir à peu près l’intrigue générale.
(1) Je ne parle évidemment pas de vraisemblance externe, s’agissant d’une série de zombies.
Critique du tome 26 ici, du 28 là.