Habituel sépia pour le dénouement survolé de l’épisode précédent : Reka dévoile sa cruauté et assoit son pouvoir sur l’Europe depuis Rome. C’est d’ailleurs là, dans la ville assiégée, que se situe l’action des Clés de Saint Pierre, au XVIème siècle.
Autour du voleur et artiste Benvenuto Cellini, la peste se propage dans la cité italienne comme une malédiction. L’homme, copiste pour le compte de Guillaume de Lecce, se retrouve au cœur des enquêtes menées autant par les hommes armés de Reka que par les amis lettrés d’Aker, apparition de Michelangelo, et Michel de Nostradamus en éminent émissaire de l’archonte, cadeau pour l’anecdote. Dyo assiège Rome. Entre un magnifique monstre, quelques tours de magie, et une ou deux séquences de combat, le scénariste Jean-Pierre Pécau ne trouve toujours pas le nécessaire élan du format one-shot avec lequel il souhaite développer L’Histoire Secrète tout en l’accordant à sa (trop) grande ambition de séculaire fresque occulte.
Le petit point positif, c’est le renouvellement du dessinateur qui permet d’affirmer cette volonté là justement, et qui ici se révèle judicieux. Leo Pilipovic livre un album agréable, assez classique mais dont le trait fin se laisse, dans l’ensemble, parcourir et s’apprécie, particulièrement, lors de quelques cases d’horreur, de maladie, de stupeur ou de portraits. Niveau couleurs, Carole Beau reste dans le registre vif du tome précédent. C’est beau.
Malheureusement les clés de la narration sont l’élan et le rythme des bonnes histoires, de celles qui transportent, passionnent, et plutôt que d’empiler vaines quêtes et affrontements sanglants, le scénariste Jean-Pierre Pécau devrait commencer de les chercher.
Matthieu Marsan-Bacheré