Stefan Zweig est considéré, à juste titre, comme un des grands écrivains autrichiens du XXème siècle. Sa fin fut tragique, suicide avec sa femme, et ne pouvait être qu'un bon sujet de roman...ou de bande dessinée. C'est ce qu'entreprit récemment Guillaume Sorel avec Les Derniers jours de Stefan Zweig.
On est tout d'abord frappé par la beauté graphique de l'ensemble. Le travail de Sorel touche autant à l'aquarelle qu'au lavis. Chaque page est d'une incroyable beauté et transpire la mélancolie. Une mélancolie progressive, qui part d'une joie d'apparence (le couple Zweig débarque au Brésil pensant refaire leur vie, fuyant le nazisme), pour envahir progressivement le quotidien. Les dernières pages, avant la conclusion qui elle prend des allures d'échappée atemporelle, sont d'une profonde noirceur et lourdeur psychologique.
En effet, le Brésil est au début une nouvelle joie pour le couple Zweig. Nouveaux décors, fuite de l'hitlérisme triomphant (nous sommes en 1941). Cependant, Zweig est triste d'avoir quitté son monde, ce Vienne si riche de Freud, Klimt, etc.
Tourner chaque page de cette bande dessinée, c'est comme arracher petit à petit les lambeaux d'une vie sur le déclin. Touchant, graphique et intelligent. Le suicide final, suggéré mais non montré, est à l'image de cet album : pudique et sensible.