C'est le premier album dessiné intégralement par Lambil, les précédents avaient en effet été pris en charge par Salvérius qui a rejoint en mai 1972 le paradis des auteurs de BD à 38 ans, victime d'un infarctus... Lambil avait dû terminer "Outlaw" le numéro précédent, laissé inachevé par son infortuné père...
Le changement de dessin est sensible, même si le nouveau dessinateur n'a pas encore affiné la personnalisation de ses personnages : au fil des volumes, le visage de Blutch va avoir des traits moins "petit Mickey", et la fille du colonel sera méconnaissable sous la patte d'un Lambil dont les visages féminins se reconnaissent entre mille !
Il y a d'excellents gags comme avec ce personnage hélas disparu mais tellement drôle : "Petite fleur" ! Un militaire élevé avec dix-sept soeurs qui ne lui ont pas enseigné les principes de la virilité, ni à être autonome ! C'est ainsi que le pauvre ne sait pas faire correctement un pli de pantalon ! Encore qu'à mon époque au service militaire, certains payaient aussi un pote pour le leur faire !
Comme le scénario est resté entre les mains de Cauvin, on ne se sent pas dépaysés puisqu'il excelle dans les gags en tous genres et toutes séries ! Et en orthographe Raoul ? Mystère ! En effet, dans une bulle de la page 19, (enfin dans mon édition de 1991 alors que l'album est paru en 1974) on voit que le lettrage a été grossièrement corrigé : dans le phylactère initial, il était inscrit : "Si ce n'est quatre-vingt chances sur cent...) et on a corrigé maladroitement "quatre -vingtS" en empiétant sur l'espace entre les deux mots, et avec un crayon plus épais ! Eh oui, utliisé sans autre chiffre après lui, le vingt s'accorde mais pas dans quatre-vingt-trois ! Bizarreries de la langue française...
A part ça, Chesterfield est déjà odieux !