En 1973, avec les quatre premiers albums dessinés par Slavérius, les Tuniques Bleues ont fait leur trou, c’est une série qui fonctionne, et qui fonctionne même bien. Les Déserteurs marquent le retour de nos héros qui rempilent pour une cinquième aventure, avec cette fois Cauvin et Lambil aux commandes : renouveau ? Oui, mais pas pour le meilleur.
On sent le changement de plume : exit les décors fins de Salvérius, place à la rondeur et aux trais plus épais. Mais Lambil n’a pas assez de bouteille pour innover radicalement lorsqu’il reprend cette série à succès : la mise en scène est sobre, pour ne pas dire plate, les décors sont peu fouillés, la coloration est franchement basique. Restent les personnages, le point fort de Lambil : aussi bien le Capitaine que les quatre déserteurs sont attachants, sans oublier Blutch et Chesterfield, qui sont devenus résolument cartoon.
Au scénario, Cauvin tient une bonne idée, mais il manque de souffle pour l’exploiter : les quatre déserteurs sont des personnages simples mais efficaces, chacun dans leur registre, il y avait matière à une belle intrigue. Mais Cauvin sort de son chapeau les Indiens et reprend des ficelles déjà connues (notamment le duel avec Chesterfield). L’intervention de la cavalerie est une facilité de scénariste en panne. Dommage, il aurait pu faire vraiment mieux. L'humour est également un cran en baisse par rapport aux albums précédents.
Bilan, une nouvelle aventure en demi-teinte pour nos deux héros. Mais on excuse Cauvin et Lambil : pas facile de poursuivre une série en changeant l’équipe, il faut le temps de trouver le bon rythme.