Rannosuke Hayanagi est le maître de l’école Kurokami, spécialisée dans les compositions florales (ikebana). Voici pour la version officielle. La version officieuse prétend qu’il enlève des jeunes filles qui vont lui servir pour diverses activités peu recommandables jusqu’à ce qu’elles se fanent et qu’il s’en débarrasse. Si cette version vous intéresse, Les Fleurs du mal sont faites pour vous.
Récit en deux actes, ce manga nous montre l’apogée et le déclin de la maison Kurokami, sorte d’organisation tentaculaire de l’ombre qui rend service au pouvoir pour quelques basses besognes où les « fleurs » d’Hayanagi font merveille quand son dirigeant ne fait pas directement pression sur le premier ministre pour obtenir quelques faveurs.
Ajoutons bien évidemment quelques parties fines à l’école Kurokami, où une partie de l’élite du Japon est invitée (et repartira avec quelques présents qu’on ne trouve pas dans le commerce), les bains spéciaux de Rannosuke ou encore sa collection particulière et on saisit pourquoi ce dernier porte le titre d’empereur du vice. Un empereur qui va trouver une nouvelle impératrice pour se tenir à ses côtés : Sayuri Kawabata, 20 ans, qui doit se marier avec un journaliste…
Ce mariage n’aura jamais lieu et nous suivrons Sayuri dans son initiation pour devenir la femme de Rannosuke. Ce qui arrivera à sa précédente femme ne sera pas évoqué ici. Le parcours de Sayuri sera l’occasion de voir les pulsions sexuelles à l’œuvre là où « le normal et l’anormal n’ont pas lieu d’être ». Les fleurs n’ont jamais eu un usage aussi suggestif sous la plume du mangaka. D’où la présence de plusieurs passages qui, s’ils sont de la main de Kazuo Kamimura n’en demeure pas moins « trash ». Don’t try this at home!
La collaboration entre Hideo Okazaki et Kazuo Kamimura nous offre donc dans les années 1970 un titre qui détonne aujourd’hui encore, qui explore bien des vices et nous propose peut-être le plus beau personnage féminin de Kamimura, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes des Fleurs du mal.