« Les gardiens des enfers » est un album édité chez Glénat. D’un format classique, il se compose de quasiment soixante planches. A la fin de l’histoire, un dossier de cinq pages nous explique la genèse de cette histoire. Sa parution date de 2010. Cet ouvrage est l’œuvre conjointe d’Alcante et Matteo. Le premier s’est chargé du scénario. Le second s’occupe des dessins et s’est associé à Chiara Fabbri Colabich pour les couleurs. Aucun ne m’était connu jusqu’à ma lecture de cet opus. La couverture est intrigante et réussie. On y devine un homme et sa lanterne. Il est en train de traverser un point lui permettant d’aller d’un phare à la terre ferme. Il fait nuit, la tempête gronde et la mer est des plus agitées. Les jalons de la lecture sont ainsi posés. Ils semblent être en totale adéquation avec le titre…

La quatrième de couverture nous présente les mots suivants : « Selon qu’ils soient situés sur la terre ferme, sur une île ou en pleine mer, les gardiens classent les phares en trois catégories : les paradis, les purgatoires et … les enfers ! » Voilà tout un programme des plus intrigants. Il va sans dire qu’on imagine rapidement que les phares vont tenir une place prépondérante dans cette histoire qui utilise un décor original et qui semble abriter une atmosphère particulière…

Cet album est un « one shot ». Il ne nécessite ni prérequis de lecture et ne génère aucune suite. Cet exercice de style impose un certain rythme dans la narration. Il faut introduire la trame, les personnages et les lieux rapidement pour laisser l’intrigue se développer et nous mener au dénouement. Cette lecture s’adresse à un public adulte. Les images ne sont pas spécialement choquantes. Mais je ne suis pas sûr qu’un jeune lecteur trouve dans cette histoire un réel intérêt. Par contre, l’essentiel de la trame se déroulant dans un phrase, elle ravira les adeptes de huis clôt.

Le premier tiers de la narration nous fait découvrir une succession de scènes se déroulant à des moments et dans des lieux différents. On rencontre une plongeuse qui met la main sur un curieux objet, des mineurs qui trouvent de l’or suite à un coup de grisou ou encore un jeune homme qui perd sa main au cours d’une manœuvre des plus courageuses sur un phare. Passé cette suite d’événement, l’histoire se centre sur le nouvel estropié qui se voit affecté à un nouveau phare nommé South Stack. Il y rencontre son nouveau chef. C’est autour de leurs relations que va naitre l’intrigue principale qui fera le lien entre les différents jalons précédemment narrés.

Cette construction scénaristique est intéressante car elle nous offre ainsi une lecture dense qui ne possède aucun temps mort. Notre curiosité est activement attisée par le nombre de faits décrits par les auteurs. De plus, l’atmosphère de l’ouvrage est prenante. On est complètement envouté lorsqu’on suit la manœuvre de sauvetage tentée par le héros. Il se trouve sur un filin reliant, de nuit, un phare à un bateau par un soir de tempête. Le travail d’illustration dégage des pages une réelle ambiance qui nous envahit complètement. Nous voilà ainsi parti en voyage. Le dépaysement est total et agréable.

Les deux derniers tiers de l’album fonctionnent donc en huis clôt. Un phare ilien au Pays de Galles se prête facilement au genre. On y découvre la vie sur place par le regard de Jack Jones, le jeune homme amputé d’une main. Il cohabite avec Henry Bowen, personnage ambigu et inquiétant. Jack est intrigué par ce dernier et enquête sur ses comportements des plus curieux. On suit ses observations et ses recherches avec un vrai plaisir. En effet, l’auteur sème peu d’indice quant au dénouement de tout cela. L’histoire est loin d’être prévisible et c’est très agréable.

Le plaisir de la lecture est amplifié par la qualité des illustrations. Le travail de Matteo tant au niveau du dessin que de la couleur est remarquable. Les planches sont splendides et sont particulièrement travaillés. Que ce soit les décors ou les personnages, tout est subtilement mis en scène. Que les scènes soient terrestres ou maritimes, diurnes ou nocturnes, elles offrent toutes une vraie ambiance et nous dépaysent complètement. On a réellement le sentiment de se trouver sur un bout de caillou du pays de Galles entouré par la mer au beau milieu du dix-neuvième siècle. « Les gardiens des enfers » est un voyage graphique intéressant.

Au final, j’ai apprécié la découverte qu’est cet album. Je ne regrette pas le voyage à South Stack et la rencontre avec Jack Jones. Le dossier qui clôt la lecture est intéressant et nous montre que la naissance d’une histoire n’est pas totalement le fruit d’un hasard en se levant un matin. Je ne peux donc que vous conseiller cette lecture qui s’avère des plus agréables. Cet opus vaut le détour et m’incite à m’intéresser plus précisément aux différents travaux de ses auteurs…
Eric17
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le 12 janv. 2013

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Eric17

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