C'est très frustrant de lire cette aventure maintenant que le duo d'auteurs de cet album est aux commandes de la série-mère parce qu'on y trouve quasiment toutes les qualités scénaristiques qui font défaut à La Face cachée du Z, Dans les griffes de la Vipère et à La Colère du Marsupilami. Les couleurs modernes sont cependant toujours aussi désastreuses.
Le scénario de Fabien Vehlmann est exactement ce qu'on attend de lire dans tout album de SPIROU & FANTASIO digne de ce nom. Le personnage de Martin (qui n'est pas le même que celui de La Corne de rhinocéros, je le précise) est complètement allumé (on le retrouve dans Le Groom de Sniper Alley), le trio de Maoris est réjouissant, de même que leurs remarques sur Le Seigneur des Anneaux. La participation de Champignac est discrète mais parfaitement adéquate et même Zorglub (eh oui !!) en simple "guest", pourrait-on dire, comme le biologiste, sont présents avec modestie mais fort à propos. Les références au passé ne sont pas exagérées, le rythme du récit est digne de celui de certains classiques et le sujet n'évite pas de faire écho à la réalité du monde avec juste ce qu'il faut de fantastique et pas mal d'humour.
Le seul véritable soucis vient de Yoann. Alors que c'est lui qui relève - fastidieusement - le niveau (du moins, en partie) dans la série-mère (sauf dans le tome 52 catastrophique), c'est l'inverse qui se produit ici. Preuve ultime, si besoin en était, que tant le scénario que le dessin se doivent d'être bons pour faire une BD aboutie.
Ses idées visuelles sont pourtant excellentes, mais son graphisme est vraiment affreux. Spirou et Fantasio sont souvent méconnaissables et heureusement que leurs noms sont là pour nous préciser qu'il s'agit d'eux.
L'intégralité de la frustration due à cet album vient du fait que s'il avait fait partie de la série officielle, Yoann aurait dû dessiner le scénario de Vehlmann en respectant les codes esthétiques traditionnels de celle-ci. On ose donc à peine imaginer par exemple la beauté des cases sous-marines si elles avaient été exécutées avec plus de finesse, de détails et d'exigence (et avec plus de lumière - notamment la case où les personnages découvrent le salon installé dans la coque transparente du bateau).