Les Gouttes de Dieu est un manga dit « de bouche ou de métier » abordant comme thème la vigne et ses grand crus avec une approche culturelle et romanesque. Pari gagné pour Tadashi Agi et Shu Okimoto, c'est une véritable réussite. Notons une préface intéressante de Michel Dovaz, écrivain primé pour son livre « Les grand vin de France (ed Julliard) et « oenotechnicien » pour faire référence à son terme.

Voilà une incroyable aventure que celle de Shizuku qui devra contre son gré suivre les traces de son père qui fût l'œnologue le plus réputé du japon Yukata Kanzaki. Celui ci vient de décédé, et le jeune homme apprend avec la plus grande stupéfaction que si il souhaite hériter, il devra effectuer une sorte de chasse aux trésors face à un frère adoptif et œnologue de métier dont il ne connaissait pas l'existence. Le « jeu » consiste a deviner l'appellation et le millésime de douze grands vins ainsi qu'un treizième éponyme à la série. Shizuku, qui détient grâce à son éducation la théorie et Miyabi, sa nouvelle amie et apprentie sommelière la pratique, vont tenter le challenge.

Le père de Shizuku l'a depuis son plus jeune age éduquer de manière drastique à la perception du goût et de l'odorat. L'écrivain met en avant l'appréhension des fragrances avec la plus grande sensibilité. Lorsque un personnage au palais et au nez affûtés goûte un vin, il se trouve transporté et vit réellement une expérience unique. Shizuku arrive parfaitement à sentir chacune des senteurs présentes dans le vin. Mais reprochant à son père de n'avoir eu d'enfance « normal » le jeune homme renia tout en bloc et n'a jamais voulu boire ne serait-ce qu'une seule goutte de vin. Sa culture reste théorique, ce à quoi Miyabe va tenté de pallier.

Les détails de chaque descriptif des vins, cépages, domaine exceptionnels fournis avec le plus grand soin nous apportent les clés de compréhension nécessaires pour cette histoire. Et même si le lecteur est un novice, il ne se sentira pas « noyé » dans cette masse d'informations. Les « tableaux » dépeints suite à une dégustations sont en corrélation parfaite avec le ressenti. A aucun moment je n'ai trouvé que l'auteur en rajoutait, bien au contraire. Je définirais plutôt ces « images » comme un reflet évident de la passion qu'a Tadashi Agi pour cette science fascinante qu'est l'eonologie. Et nous pouvons à cette occasion profiter du talent de dessinatrice de Shu Okimoto qui rend un réel hommage au peintre dont il est fait référence et retranscrit avec habileté la beauté du vin.

Procurant un plaisir de lecture comme rarement il m'a été donné, les gouttes de Dieu est sans conteste une œuvre majeur. Cette série mérite sa place dans toutes mangathèques qui se respectent. L'effort de Glénat pour une couverture semi-vernie et soignée est très appréciable et un lexique d'œnologie en fin de tome nous présente en détails le fleuron des grands crus abordé dans le livre. Comme vous l'aurez compris, j'ai été réellement conquise et pas uniquement parce que je suis une amatrice de vin...

A l'image d'un Mouton Rothschild 1982, les Gouttes de Dieu est d'une couleur dense et profonde. La lecture est douce et savoureuse, et nous révèle une structure élégante de mots très veloutés, fondus dans un ensemble éclatant de saveurs. Race, puissance, noblesse et équilibre font de cet ouvrage exceptionnel l'un des meilleurs parmi les très grands.
Misya
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le 17 avr. 2012

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Misya

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