Une ode bucolique où la nature taille des crayons aussi bien que des cœurs

Avec Les Grands Espaces, Catherine Meurisse nous invite à une balade champêtre pleine de poésie, d’humour et de tendresse. Imaginez une rencontre entre un cours de dessin en plein air, une méditation sur la campagne et une chronique familiale, et vous obtiendrez cette œuvre délicieusement originale.


Le récit nous plonge dans l’enfance de l’autrice, marquée par un déménagement au cœur de la nature, loin de la frénésie urbaine. Ses parents, architectes de leur propre utopie écologique, s’embarquent dans une quête un peu folle : restaurer une maison en ruine tout en créant un jardin digne des tableaux de Monet. Le résultat est une aventure à la fois cocasse et contemplative, où chaque page exhale l’odeur de l’herbe fraîchement coupée… ou des rêves un peu trop grands.


Graphiquement, Meurisse déploie un style à la fois léger et précis. Les paysages se succèdent dans une palette apaisante, et les détails du quotidien rural se transforment en tableaux vivants. Les dialogues, souvent mordants, se marient à des scènes d’une douceur visuelle qui nous fait presque sentir le vent dans les cheveux. Pourtant, derrière cette esthétique bucolique se cache une ironie subtile qui donne à l’ensemble une saveur particulière.


Le ton, mélange d’autodérision et de réflexion philosophique, est une véritable réussite. Meurisse explore le lien entre l’homme et la nature, tout en distillant des moments de pure absurdité familiale. Les discussions passionnées sur les plantes, les querelles d’idéalistes, et les rêves un peu trop ambitieux de ses parents créent un univers où le quotidien devient extraordinaire.


Si l’on devait chercher un petit défaut, ce serait peut-être dans le rythme. Parfois, l’envie de contempler prend le pas sur l’intrigue, et certains lecteurs pourraient se sentir légèrement désorientés par cette narration en pointillés. Mais franchement, ce serait pinailler sur un tableau déjà magnifique.


En résumé, Les Grands Espaces est une œuvre lumineuse, une célébration de la beauté du monde naturel et de l’excentricité humaine, le tout enveloppé d’un humour irrésistible. Un album qui fait rêver, rire, et nous rappelle que parfois, il suffit d’un peu de terre sous les ongles pour toucher les étoiles.

CinephageAiguise
9

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