L’Antiquité est une période qui m’a toujours attiré. Sa mythologie légendaire a quelque chose de fascinant. Mon regard s’est donc naturellement orienté vers la couverture du premier tome de Atalante il a une grosse quinzaine d’années. Ma rencontre avec l’univers né de la plume de Crisse a été une réussite. Son trait tout en rondeur et très coloré offrait un décor dans lequel les aventures de la célèbre héroïne pouvaient pleinement s’épanouir. Les tomes s’enchainaient, les bons moments de lecture aussi. Mais un voile à assombri ma relation avec la saga lorsqu’à partir du tome 6, Crisse délègue les dessins à Grey. Le charme semble rompu. Néanmoins, par fidélité, je persiste à suivre les pérégrinations de la jolie blonde en espérant retrouver la magie des débuts. Le dixième tome, Les Hordes de Sargon, sera-t-il celui de la renaissance ?
« Après avoir mené à bien la quête de la toison d’or, la belle aventurière quitte les argonautes pour rejoindre les amazones en Cappadoce. Y trouvera-t-elle enfin sa place ? » Voilà les mots qui peuvent être lus sur la quatrième de couverture. Ils présentent les enjeux de cette nouvelle histoire. Depuis le tome précédent, Atalante a quitté la vie communautaire pour choisir sa propre route. Elle souhaite être amazone et elle n’a besoin de personne pour mener à bien sa mission. Lors de la précédente lecture, l’héroïne avait découvert que la cité des légendaires guerrières était aussi un nid de crabes… N’allait-elle pas pâtir de la jalousie que ses exploits inspirent ? Allait-elle arriver à libérer son fidèle ami, le colérique Héraclès ?
Le principal attrait narratif à mes yeux de Atalante réside dans la dimension mythologique des intrigues. C’est toujours un dépaysement de naviguer aux milieux de toutes ses légendes dont les aventures ont bercé mon imaginaire d’enfant. Je dois bien dire que sur le plan fabuleux et mythique, l’ensemble descend de plusieurs crans dans Les Hordes de Sargon. En effet, l’essentiel des enjeux se construit autour de la jalousie des femmes vis-à-vis de la nouvelle venue ou de désir de vengeance à l’égard d’un ancien amant négligeant. Bref, j’ai eu du mal à me passionner pour cette histoire qui se conclut par une bataille sans réel intérêt. Je sors assez déçu ma rencontre avec les amazones. Quand on pense qu’il s’agit du rêve d’Atalante depuis le premier tome, je ne peux m’empêcher de me dire : « tout ça pour ça ? »
Cette série s’est construite également au tour de sa dimension divertissante. Le ton est léger et les moments drôles fréquents. Là encore, Les Hordes de Sargon ne remplit pas le cahier des charges. L’intrigue est bancale et sans grand intérêt. Les rebondissements sont souvent maladroits. Le terreau est donc peu fertile à l’intégration de gags ou de vannes bien dosées. Je n’ai pas souvenir d’avoir souri au cours de cette aventure. Bref, je ne me suis pas intéressé à la trame et n’ai pas vraiment rigolé. Je ne peux donc légitimement pas dire que cet album m’ait séduit !
Pour conclure, j’évoquerai rapidement les dessins de Grey. Je suis loin d’être fan de son trait. Son travail est correct mais souffre fortement de la comparaison avec les premiers tomes dessinés par Crisse. Ses personnages ont perdu la rondeur des débuts et ses décors sont médiocres en comparaison de ceux nés de la plume de son collègue. Evidemment, l’ensemble reste honnête mais manque de qualité pour sublimer les faiblesses narratives. Rien de choquant sur le plan graphique mais rien de bien mémorable non plus…
Au final, cet album confirme que Atalante est une série sans réel relief depuis que Crisse en a lâché les rennes. La magie semble s’être éteinte à un tel point qu’elle a peut-être définitivement disparu. Il reste, à mes yeux, deux options pour les auteurs : soit conclure la saga soit se montrer exigeant dans l’écriture du prochain tome. En tout cas, il faut changer quelque chose…