Spider-Man Noir est juste une idée. Juste une idée. Mais ça rend fichtrement bien, dans l'ensemble.
Dans une ville rongée par le crime et la corruption, un justicier tout de noir vêtu fait cavalier seul contre le mal qui ronge la cité... Non. Nous ne sommes pas à Gotham. Non, il ne s'agit ni de Zorro, ni de Batman, mais bien de Spider-Man, dans un monde qui voit apparaitre les héros dans les années 30, durant la Grande Dépression. À New-York, Peter Parker a perdu son oncle, tué par les hommes de main du principal caïd de la ville : Norman Osborn, le Gobelin. Tandis que sa tante parcourt les shantytowns de la ville en encourageant au grand soir et à la révolution prolétaire, Peter fait par hasard la connaissance du journaliste Ben Urich, qui lui montre l'envers du décor : le Gobelin n'est que la partie émergée de l'iceberg, c'est tout un système de corruption et d'omerta qui maintient le pouvoir du gangster. Le jeune homme perd peu à peu ses illusions tandis que son nouveau mentor remet en question sa place dans ce système, et c'est alors que Peter Parker est mordu par une araignée...
Le gros point fort de Spider-Man Noir est sans doute son univers, très crédible, très travaillé, très adapté au style noir et à l'époque traitée. De vraies bonnes idées parsèment le récit, à l'image de la tante May marxiste (faut être culotté pour ajouter cette nuance au mythe si américain de Spider-Man, mais c'est finalement parfaitement crédible au regard de l'époque et de l'évolution des classes sociales), de la bande du Gobelin (sans spoiler, c'est une sélection d'ennemis classiques de Spider-Man réimaginés pour l'occasion avec beaucoup de bonheur), d'un Ben Urich désabusé... des bonnes idées à la pelle qui dressent un portrait cohérent de l'univers développé ici.
Après... difficile de ne pas remarquer quelques parallèles avec un certain Batman, mais le trait est suffisamment nuancé pour que Spider-Man Noir ne soit pas un clone du Dark Knight.
Un reproche néanmoins : si le dessin est beau, il ne parvient pas à coller à l'atmosphère dépeinte. Un trait trop moderne et trop propre qui du coup casse légèrement l'immersion, parce que dans ce genre d'histoires, tout doit reposer sur l'ambiance. Beau dessin, mal adapté, c'est un peu triste.
Et puis, Noir manque peut-être un peu de finition. Finalement, arrivé à la fin, on n'en redemande pas spécialement, parce que le héros n'est pas suffisamment original, et que, outre la curiosité devant les versions alternatives de personnages Marvel qu'on pourrait retrouver, l'univers Noir ne s'avère pas particulièrement fascinant. C'est juste un "what if" amusant, de bonne facture, mais sans plus.
Mais c'est rafraichissant, c'est indéniable.