À 12 ans, j'étais abonné au Spirou Magazine et je dois avouer que les aventures de Buck Danny ne m'intéressaient pas. Je n'étais pas attiré par le dessin réaliste et figé, de même que les histoires trop ancrées dans notre réalité ne satisfaisaient pas mes envies de découvrir un univers fantastique. Aujourd'hui je décide enfin de me lancer dans l'aventure avec Buck. Premier tome, premier choc.
L'histoire est très linéaire, c'est certain. D'ailleurs si tous les albums sont construits de la même manière, je ne tiendrai pas le coup. En même temps Charlier a bien dû suivre le ton donné par Troisfontaines avec une voix off omniprésente et un rythme d'enchaînement de scènes assez soutenu. En tous cas, le temps d'un album, c'est très plaisant. Il se passe tellement de choses. Et puis on n'est pas dans du Tintin où l'on ne profite pas assez longtemps d'une situation, ici le scénariste sait prendre son temps pour décortiquer certaines scènes. Mais ça reste tout de même un peu rapide par moment.
Ce qui m'a étonné c'est tout l'aspect documentaire ; "Les japs attaquent" ressemblent plus à un travail relatant les faits (avec un point de vue, celui des américains qui foutent leur râclée aux jaunes) qu'à un travail fictionnel plus traditionnel (où l'on se réapproprire davantage la réalité). C'est réaliste au possible et ça en jette. Mieux : malgré un chemin tout tracé, l'auteur parvient à donner corps à son héros Buck Danny qui n'est pas seulement un pantin, mais un vrai homme d'action paré pour sauver l'innocent.
Si le scénario est solide, les dessins sont fort inégaux. Hubinon, je le connais très peu. Apparemment il a surtout travaillé avec Charlier qui, en plus d'écrire le scénario, s'occupait du dessin technique ; c'est donc le cas ici, Charlier dessine les avions, les porte-avions tandis que Hubinon s'occupe des personnages. Et c'est surtout dans les personnages que c'est inégal. Les tronches sont parfois déformées, le canon pas toujours respecté, les personnages pas toujours reconnaissables, les positions parfois maladroites (surtout les premières pages avec Buck qui se jette sur le japonais). Pourtant il y a de bonnes choses dans ces tronches, même si ça frôle parfois la caricature glauque. Enfin, il y a ces cartes, ces documents en plus en bas de page. C'est bien, ça renforce le côté réaliste, mais les cartes sont incompréhensibles quant à la légende.
Bref, un premier tome assez jouissif grâce à une narration sans temps mort et pleine de moments forts ; malheureusement le dessin dessert un peu le scénario sans pour autant écoeurer le lecteur (ouf).